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[TEST] Battle Cry of Freedom, moments épiques et soucis techniques

Devant moi un joueur entonne “Marching Through Georgia” en marchant vers les lignes confédérées tout en agitant fièrement le drapeau de l’Union. Une fraction de seconde plus tard, ce pauvre bougre se fait faucher par la première volée de plomb envoyée par les sudistes sur nos rangs. C’est alors qu’une version low cost d’Abraham Lincoln débarque devant nous, ramasse notre précieuse bannière, et crie “Allons massacrer ces enfoirés de rednecks fascistes ! ». Nous le suivons et chargeons maintenant à cinquante vers les lignes sudistes, sur un fond de hardbass. C’est ça Battle Cry of Freedom, un jeu qui balance 500 joueurs sur un champ de bataille de la guerre de Sécession, pour un joyeux bordel où l’épique côtoie le ridicule à chaque instant.

Genre : FPS multi à grande échelle | Développeur : Flying Squirrel Entertainment | Éditeur : Flying Squirrel Entertainment | Plateformes : Steam | Prix : 20€ | Configuration minimale : 3.5 GHz Quad Core, 6GB RAM, NVIDIA GTX 960 | Langues : audio en anglais et texte en français | Date de sortie : 1er mars 2022 | Durée : tant qu’il y aura des confédérés vivants 

Test effectué sur une version éditeur.

Vous allez périr de nombreuse fois pour ce foutu drapeau.

Des Grognards aux Tuniques Bleues

Battle Cry of Freedom n’est pas un coup d’essai pour les développeurs de Flying Squirrel Entertainment. En effet, derrière ce nom se cachent les créateurs du mod Mount and Musket Battalion pour Mount & Blade Warbands. Ce dernier fut si populaire qu’il donna par la suite un DLC officiel pour ce même jeu : Napoleonic Wars. Si cela ne vous dit rien, vous connaissez peut-être mieux Holdfast: Nations At War, sorti bien plus récemment et qui a totalement pompé le concept de base : proposer aux joueurs des batailles multijoueurs massives à l’ère Napoléonienne, où ils pourront incarner un tas de rôles différents. Eh bien Battle Cry of Freedom, c’est exactement pareil, mais transposé à l’époque de la Guerre de Sécession. Les joueurs sont donc répartis dans plusieurs régiments et ont accès à plusieurs rôles, plus ou moins flatteurs. Certains seront les musiciens des différentes compagnies et se baladeront avec une trompette sur le champ de bataille afin de motiver les troupes. D’autres seront en charge des différentes pièces d’artillerie présentes en jeu. Les leaders naturels privilégieront les rôles d’officiers. Les amateurs de Lego joueront de leurs pelles pour construire quelques défenses de fortune pour leurs petits camarades. Et enfin, la vaste majorité des joueurs finira simple soldat, doté d’un fusil et d’une baïonnette. Toutes ces personnes devront ensuite coopérer dans le but de tenir des points pour finir la partie avec plus de tickets que l’équipe adverse, de défendre un fort pendant le temps imparti, ou bien de simplement massacrer le camp d’en face.

« Charger ces salauds de rebelles à la baïonnette, vous êtes sur chef ? »

Bordel non organisé

Le gameplay proposé par Battle Cry of Freedom est donc assez atypique, particulièrement lent, et à mille lieues des shooters habituels. N’espérez pas enchainer les 360 noscopes, ici c’est fusil à poudre noir pour tout le monde, et environ trois coups à la minutes. Mais vous êtes peut-être un fan de Glory d’Edward Zwik, vous connaissez tous les généraux de l’Union en poste de 1863 à 1864 et vous avez déjà fait trois pèlerinages à Gettysburg. Vous vous imaginez déjà former de belles lignes pour échanger des formalités avec l’ennemi ? Prendre un fort confédéré au son des tambours ? Tirer seulement lorsque votre officier vous ordonne de le faire ? Respecter un semblant de hiérarchie ?

Alerte aux débiles

Le contexte historique du jeu faisant, les abrutis sont de sortie, et les propos racistes fusent, et pas que côté confédéré. Les développeurs sont au courant et vont essayer de trouver des solutions pour lutter contre ce fléau.

Eh bien désolé de vous décevoir, sur les serveurs publics, ce genre d’évènement est très rare. La plupart du temps, les parties de Battle Cry of Freedom se résument à un gros bordel peu organisé. Vous vous retrouverez le plus souvent à défendre des clôtures ou des bâtiments dans un chaos certain. La structure même du jeu n’aide pas. Niveau chaîne de commandement, Battle Cry of Freedom n’atteint jamais la clarté d’un titre comme Squad. Il n’y a pas de cartes pour que les officiers s’organisent, pas de chat vocal qui leur est dédié, et pour la troupaille il est même difficile de savoir en jeu qui est son supérieur. Vous finirez sans doute par suivre le gars qui parle le plus fort, même si vous faites partie du 54e régiment d’infanterie du Massachusetts et lui du 20e régiment d’infanterie volontaire du Maine.

Et un raciste en moins, un !

Le lag au fusil

Mais même si la plupart des parties finissent en bordel total, il est parfois possible de vivre des petits moments de grâce, où tout s’articule correctement et où l’expérience prend tout son sens. Par exemple, quand les joueurs arrivent à s’organiser un minimum pour charger à cinquante sur les lignes ennemies et que certains gars, en courant vers la mort, commencent à entonner une chanson d’époque, soutenus par les musiciens du régiment. Là, Battle Cry of Freedom est percutant et offre une expérience relativement plaisante. Mais malheureusement, la grâce est généralement de courte durée, et une fois à portée de baïonnette, vous risquez de déchanter rapidement. La mêlée du jeu est actuellement très brouillonne. La méthode employée est assez simple et a fait ses preuves dans le précédent titre du studio, avec un système à 4 directions et la possibilité de parer. Mais actuellement, la technique est telle que le tout est très difficile à lire et fastidieux au possible, à cause des animations sommaires et d’une sorte de lag omniprésent. Et la plupart du temps, les joueurs n’essayent même pas de parer et se livrent à des combats ridicules qui consistent à se tourner autour dans l’espoir d’embrocher l’autre en premier.

Feuille de route

Les développeurs ont déjà communiqué sur le futur du jeu, et planifient déjà d’ajouter plus de moyens de nuire à son prochain, de nouveaux régiments, des unités de cavalerie et toute une partie navale.

Ce n’est malheureusement pas le seul souci technique du titre. Sans rien afficher d’extraordinaire, et c’est un euphémisme, le jeu peine à afficher un nombre décent d’images par seconde. Sur mon i7 7700K vieillissant, accompagné de ma RTX 2070 et de 32 Go de RAM, l’expérience dépassait rarement les 45 FPS, en 1440p, avec certains taquet réduits, pour un visuel relativement daté. Et n’espérez pas réellement jouer avec des serveurs regroupant 500 personnes. Premièrement, ces derniers ont l’air déjà bien à la peine passé les 200 âmes, et deuxièmement, avec un pic à 872 pèlerins depuis la sortie du jeu, difficile d’être aussi ambitieux en terme de nombre de joueurs.

 

Merci à SergiuHellDragoonHQ pour la vidéo de gameplay, même si tu joues en TPS, pleutre.

Trop tôt pour crier victoire

L’expérience est singulière, et peut être intéressante malgré le côté bancal de la proposition, mais en l’état, difficile de recommander Battle Cry of Freedom à cause de sa technique à la ramasse. Une fois ces soucis réglés, et avec une chaîne de commandement un peu plus claire, le titre de Flying Squirrel Entertainment pourrait devenir bien plus fréquentable pour les amateurs de jeux comme Holdfast. Ils pourront retrouver un joyeux bordel qui leur sera sans aucun doute familier. Et en attendant des jours meilleurs pour Battle Cry of Freedom, si vous voulez charger du confédéré à la baïonnette, War Of Rights pourrait être une alternative sympathique bien que plus exigeante.

Vous avez du mal à vous y retrouver dans le catalogue Steam ? Alors suivez le groupe de curation NoFrag pour vous aider à trier le bon grain de l’ivraie.

Saer:
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