Agony sort enfin, après avoir réussi son financement sur kickstarter il y a déjà deux ans. Un projet prometteur, qui s’est vendu sur de la chair et du sang. Alors, maintenant que nous avons enfin pu découvrir Agony, sera-t-il à la hauteur ? Spoil : C’est de la merde. Suis-je vulgaire à dire « merde » ? Pourtant c’est la vulgarité qui synthétise le fonds de commerce du studio Madmind, qui n’est finalement que le prolongement de leur campagne marketing remarquable, il faut bien l’admettre.
Objets cachés : Les Mystères d’Agony 3D
Agony vous propose de faire un voyage initiatique en enfer à travers quatre chapitres. Le principe est simple, nous sommes une âme sans corps qui a la capacité de pouvoir prendre possession de toute forme de vie. Au commencement nous ne sommes pas très doués, on doit se contenter de cadavres ambulants. Au fur et à mesure du périple, nous avons la possibilité d’incarner des démons de plus en plus gros. Enfin, quand les développeurs ont prévu le coup. Ne vous faites pas d’illusions, la majorité du temps on incarne des cadavres. Les moments ou nous pouvons prendre possession des démons, très courts qui plus est, sont peu passionnants quand ils ne se limitent pas à une cinématique.
Mettons les choses aux clair. Agony n’est pas un jeu d’infiltration, il y a bien des moments ou on doit se faire discret mais l’IA est déplorable, les ennemis vous repèrent très facilement malgré la possibilité de retenir son souffle, et il n’y a aucun moyen de détourner l’attention des démons. Finalement pour m’en sortir je me suis contenté de courir, poursuivi par tout ce qui bouge, jusqu’à ce que l’IA se retrouve bloquée contre un obstacle. C’est limite si je n’en était pas réduit à montrer mes fesses dans un accès de provocation chevaleresque face à la connerie infernale des quelques obstacles bipèdes. Il y a bien des combats, mais c’est tellement mou que j’ai préféré me laisser mourir, pour traverser le niveau en « spectre » jusqu’à me retrouver en lieu sûr et éloigné. Ce n’est pas non plus un jeu de plate-forme, il faut par moments faire un ou deux sauts, mais encore une fois ce n’est pas intéressant. Non non, Agony est un jeu de recherche d’objets cachés.
Toutes les 10 minutes, la progression est stoppée par la nécessité d’ouvrir une porte. Le principe est très simple, il faut dessiner un glyphe sur la porte pour l’ouvrir. Vous en trouverez plusieurs dans la zone qui sont très bien cachés. Si vous arrivez à en trouver un, il faut attendre que le jeu accepte d’afficher une icône, puis attendre quelques secondes pour enfin le mémoriser. Il suffit alors de redessiner le symbole à la souris sur la porte.
Reste la fameuse ambiance ! Pour commencer, les scénettes horrifiques représentent les deux premières heures du jeu, après vous pouvez les oublier. Et bon, à part une paire de seins et deux ou trois bites qui traînent, l’aspect subversif du jeu est juste une vaste blague. Un peu de sang, quelques bébés morts, bref la bonne affaire… Je m’explique: dans quel but nous montre-t-on tout ça ? Quel en est le sens caché ? L’horreur doit raconter quelque chose, être représentative, être symbolique. Là, c’est du grotesque. Excusez moi mais la prétendue censure du jeu est une vaste fumisterie, que pourrait-on y censurer dans un univers aussi consensuel ? Ce jeu est destiné à devenir le futur let’s play de Squeezie ! J’ai été gavé de Clive Barker et de Lucio Fulci depuis mon enfance, votre soit-disant « horreur » me fait doucement rire. Pour tout vous dire, le passage en enfer du film Au-delà de nos rêves est plus terrifiant, et c’est un film avec Robin Williams ! Pour finir, ce bordel est encore plus stupide quand on réfléchit sur son aspect symbolique. C’est un enfer construit comme dans Hellraiser, c’est-à-dire un enfer de sadomasochisme. Sauf que là, les cadavres sont massacrés sans raison : pour les chrétiens c’est stupide car ils ne subissent pas de châtiment, et pour les masochistes il n’y a pas de plaisir dans la douleur et donc aucun intérêt à la ressentir. Ce jeu n’a aucun sens, aucun propos, il s’agit d’une coquille vide avec une direction artistique digne d’un Guillermo Del Toro de supermarché. Histoire de compléter ce magnifique tableau, parlons de la technique. Si l’habillage sonore fait heureusement illusion, le reste est à la rue. Les bugs sonores vous sont offerts par Madmind Studio, il y a du combat après dix minutes. C’est l’histoire d’un mec qui agonise..
Conclusion
Malheureusement, il s’agit bien d’une catastrophe, un ratage complet. Il aurait mieux valu que le jeu assume et ne soit qu’un walking simulator. Les développeurs auraient ainsi mieux géré leurs ressources. Agony est caractéristique des projets qui en font trop, il a voulu être plus grand qu’il ne l’est. Pourquoi avoir fait des collectibles? Pourquoi avoir fait des modes bonus ? Si la base n’est pas solide, c’est une perte de temps. J’ai d’ailleurs perdu mon temps, j’ai voulu y trouver des qualités, j’ai voulu y croire et à un moment vers la fin du jeu j’ai arrêté. Je n’ai pas fini Agony, j’étais encore à chercher un énième de ces foutus symboles et là j’ai dit stop. Je me fiche de savoir s’il y a un super twist à la fin. Rien ne vaut de subir pareilles épreuves. La véritable agonie, c’est simplement de jouer à Agony.