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Les rétro-FPS : réussir là où beaucoup d’autres échouent

Difficile d’y échapper. Depuis plusieurs années les rétro-FPS ont réalisé un retour en force. Qu’ils se cachent sous le terme Doom-like, Quake-like, boomer-shooter ou encore retro-shooter, ils cherchent tous à surfer sur la nostalgie des années 90. Il est très difficile d’estimer le nombre de rétro-FPS qui sortent chaque année. Ils peuvent être développés dans un garage par un gamin de 16 ans après le lycée et passer très largement sous le radar à l’exception de quelques-uns comme Project Warlock. Alors que d’autres sont développés par des studios qui se consacrent uniquement au genre. On peut citer évidemment New Blood Interactive (Dusk, Ultrakill) ou 3D Realms (Ion Fury, WRATH: Aeon of Ruin).

Une rapide recherche sur Steam avec les étiquettes « FPS » et « Old-School » donnent les chiffres visibles sur le graphique ci-dessous. Même si la méthode est non-exhaustive, ces chiffres reflètent une tendance bien ressentie sur NoFrag : le nombre de rétro-FPS en développement est à la hausse. On a même du ressortir un magazine version papier pour en parler. Mais combien de ces titres connaissent un véritable succès ? Sont-ils rentables ou simplement destinés à un marché de niche pour quelques éternels esthètes qui reconnaissent dans le gros pixel qui tâche la plus belle forme d’expression du FPS ?

Estimation approximative du nombre de rétro-FPS sur Steam

Pour répondre à cette question, j’ai analysé le succès des principaux rétro-FPS sortis depuis 2018. Grâce à SteamDB et quelques savantes feuilles Excel j’ai extrait : le pic de joueurs sur Steam, le prix de vente, l’estimation des ventes et du chiffre d’affaire après la part de 30% de Steam. Pour simplifier, je n’ai pas pris en compte les promotions ou la disponibilité sur d’autres plateformes. C’est une étude empirique. Pour information, un rétro FPS se vend généralement entre 3,99e et 24,99€. Le prix moyen du genre est de 13,7€.

Prix de vente moyen d’un rétro-FPS : 13.7€

Qui veut gagner des millions ?

Sur les 34 rétro-FPS pris en compte dans l’analyse, soit ceux dont on a parlé sur NoFrag, seulement deux ont connu un pic de joueurs supérieur à 1000 : Ultrakill et Ion Fury. À première vue, on pourrait se dire que les bides sont légions et les ventes peu nombreuses. En réalité, il y a quelques exceptions. Pour ce faire, j’ai utilisé la méthode de SteamDB qui se base sur le nombre de reviews : on obtient une fourchette basse et haute. Méthode imparfaite, mais de loin supérieure à Steam Spy dans son état actuel. Elle donne d’ailleurs des estimations très bonnes dans la plupart des cas.

Estimations des ventes par la méthode de SteamDB aussi appelé « Boxleiter number »

D’après ces chiffres, on voit que les trois plus gros succès rétro de ces dernières années sont Ultrakill, Dusk et Ion Fury. De manière surprenante, Cruelty Squad, un petit FPS indé psychédélique vient se glisser à la quatrième place. J’étais un peu surpris au départ, mais il a pourtant dépassé le million de chiffre d’affaires (CA). Les chiffres sont donc plausibles. La même courbe avec le CA, obtenu simplement en multipliant le 70% du prix de vente par le nombre de copies vendues donne la courbe suivante :

Estimation des revenus après la part de 30% de Steam

Ils sont donc plusieurs à dépasser l’étape clé du million d’euros : Ultrakill, Dusk, Ion Fury, Cruelty Squad et Amid Evil. C’est aussi le cas probablement de Project Warlock, Prodeus et Maximum Action. On peut applaudir la réussite de New Blood Interactive (NBI) qui place systématiquement des jeux qui se vendent en haut du tableau. J’ai eu l’occasion de montrer ces chiffres à Dave Oshry, le patron de NBI, qui a confirmé la tendance sans me communiquer des chiffres exacts. Il m’a simplement précisé que Dusk était en réalité largement devant Ultrakill. Mais rappelons que je tiens compte ici uniquement de Steam alors que Dusk est disponible sur Switch, Xbox, Playstation.

La question de la rentabilité

Il reste très difficile d’évaluer à quel point ils sont rentables. Si c’est le cas pour les plus gros cités au-dessous, le doute m’habite pour les autres. Il y a ceux qui proviennent d’un gros éditeur avec plusieurs développeurs. Par exemple, Graven, pourtant propulsé par l’écurie 3D Realms, est loin derrière avec 9500 à 26 100 ventes. De même pour WRATH: Aeon of Ruin, qui ne cache pas ses difficultés. Il est clair que leur coût de développement (au moins en terme de salaires) est probablement plus élevé que celui d’HROT, développé par un tchèque dans son appartement, qui aurait généré entre 32 600 et 88 800 ventes soit 400 000 à 1 000 000 € de CA.

Conclusion

Ils sont de plus en plus nombreux à sortir chaque année mais peu arrivent à se tailler une place au soleil. On parle généralement de la crème de la crème du rétro-FPS sur NoFrag alors qu’ils sont bien plus nombreux noyés dans les sorties hebdomadaires de Steam. Pourtant, certains réussissent bien le pari de la nostalgie, en témoigne New Blood Interactive et ses jeux systématiquement millionnaires. Alors que d’autres, malgré leur nom imposant rempli d’histoire, ont bien du mal à retrouver leur gloire d’antan. 

 

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