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[TEST] Black Mesa : moitié bien ou demi nul ?

Black Mesa

Après 14 années de développement, ce qui était au départ un simple mode d’Half-Life 2 est finalement sorti au début du mois. Suite à une première partie sortie en 2012 gratuitement et se limitant aux événements se déroulant sur Terre, la seconde qui se passe sur Xen a mis beaucoup de temps à voir le jour. Est-ce que tout cela en valait bien la peine ?

Sur Terre, rien de nouveau :

Pour commencer, j’estime qu’on est obligé de séparer les deux univers du jeu puisque, non seulement leurs sorties ont été séparées par plusieurs années de développement, mais surtout cela se ressent énormément clavier et souris en main. Déjà, graphiquement, toute la partie se déroulant sur Terre n’est pas toujours exceptionnelle. Forcément avec un moteur qui commence à dater et le gros du boulot effectué il y a 8 ans, les décors ne brillent pas constamment par leurs beautés. Ce n’est pas laid, mais on sent bien que le temps a passé. Même si le travail de restauration considérable des développeurs reste respectable, on croisera quelques textures baveuses ou d’un autre temps. Et cela se ressent aussi au niveau du gameplay. Car, si les développeurs ont revu et corrigé certains aspects du titre original (notamment les énigmes ou le niveau se déroulant avec le train à piloter), ils n’ont pas fondamentalement changé les mécaniques du jeu. Résultat, en 2020, certains passages ne sont plus aussi impressionnants qu’il y a 20 ans et deviennent même parfois frustrants. À noter par contre pas mal d’ajustements sur les armes et plus particulièrement sur les munitions, la taille des chargeurs, etc. Ces derniers ont, pour la plupart, été revus à la baisse ce qui pousse à davantage faire attention à ses tirs. De plus le long jump arrive désormais bien plus tard, juste avant de partir pour Xen. Notons par ailleurs l’ajout d’énigmes basées sur le moteur physique du jeu, ce qui apporte pas mal de fraîcheur. 

Bien que les développeurs aient déclaré avoir amélioré le level-design, reste qu’on retrouve régulièrement des séquences pour le moins agaçantes. Comme par exemple ces foutues échelles qui n’ont jamais été aussi chiantes à utiliser. Que ce soit pour les agripper ou s’en libérer, une fois sur deux vous n’arriverez pas à réaliser l’action voulue. Ce qui peut être vraiment gênant en plein combat ou en pleine fuite, vous en conviendrez. Pour ne rien arranger, il y a encore quelques problèmes de script, vous coinçant indéfiniment avant que vous ne compreniez que c’est le jeu qui bug. Ça sera sans nul doute bientôt corrigé par les développeurs. On pourrait aussi parler de l’I.A des NPC, toujours à la ramasse et qui auront toujours autant de mal à vous suivre dans les niveaux. J’imagine que certains diront qu’ils font partie du charme de la licence ! Une chance qu’ils ne servent toujours pas à grand chose. En parallèle, l’intelligence des ennemis, que Crowbar Interactive dit avoir retravaillée, ne semble pourtant pas avoir beaucoup évolué. Heureusement elle est déjà très correcte dans le jeu de base mais, 20 ans après, forcément elle ne surprend plus toujours. On parcourt donc cette première partie avec un sentiment partagé. Entre le plaisir indéniable de se perdre à nouveaux dans une reproduction fidèle des couloirs du centre de recherche et de ses conduits d’aérations. Et la frustration d’y rencontrer les mêmes soucis qu’en 1998.

Excès de Xen :

L’avis de Rutabaga :
Pour quelqu’un qui n’en attend pas un jeu résolument moderne, Black Mesa tient toutes ses promesses et va même plus loin. Il s’agit d’une relecture à la fois fidèle, intelligente et plus agréable du Half-Life originel. Les développeurs se sont aussi permis de réinventer magistralement Xen afin de conclure l’aventure en beauté tout en créant un lien scénaristique avec Half-Life 2 qui n’existait pas à l’origine. S’il conserve certains défauts de son aîné, Black Mesa est une véritable lettre d’amour à un chef d’œuvre du FPS des années 90. Les 14 années d’attente en valaient le coup, pour peu que vous soyez sensible à sa proposition old school et/ou amateur du jeu de base.

Puis, on passe au travers d’un portail et on débarque sur Xen. Et si tout ce qui concerne les problèmes d’I.A ne se retrouve pas chamboulé, tout le reste impressionne et émerveille. L’écart technique entre les deux univers est frappant et on peut tout à fait dire que la partie Xen est un jeu à part entière. Rien à voir avec la première partie du jeu, et plus grand chose à voir non plus avec le Xen d’origine. De ce fait, tout ce chapitre est également beaucoup plus long, plus détaillé, plus cohérent, etc. C’est une sorte de sublimation du Xen originale, du combat contre le Gonarch jusqu’aux péripéties dans les usines remplies d’innocents Vortigaunt. Alors, même si le jeu se traîne encore quelques uns des défauts cités plus haut, on se prend une petite claque. Il y a bien encore de nombreux passages de plateforme, ce qui n’a jamais vraiment été le fort du jeu (ou du FPS en général), mais c’est pour mieux servir l’immersion ou ajouter des détails à l’histoire de Half-life. Les derniers chapitres gagnent ainsi énormément en profondeur, en sensations et le plaisir n’en est que décuplé. 

D’autant plus qu’esthétiquement, c’est peut être là où l’on constate le plus l’écart avec les niveaux sur Terre. D’une part, l’équipe de Crowbar Interactive a dû concevoir de zéro la plupart de ce qu’on voit sur Xen (c’est dire à quel point il y a du nouveau), mais en plus cela respecte complètement le média d’origine. Et même plus, ça le transcende. Ces derniers chapitres se payent même le luxe de créer du lien avec Half-Life 2. Le niveau des graphismes augmente aussi considérablement avec des effets de particules, des décors lointains magnifiques et une direction artistique impeccable. Le travail effectué par les développeurs sur ce point est vraiment impressionnant et ceux qui ont déjà terminé Half-Life seront très probablement ébahis. Alors oui, il y aura de nouveau des séquences de plateforme, mais ça n’a personnellement en rien entacher mon plaisir à découvrir toutes ces généreuses nouveautés.

Black Mesa à moitié plein :

Il est évident que Black Mesa est Half-Life « en mieux ». Mais en 2020, comparé à ses « concurrents » et à cause d’une partie se déroulant sur Terre qui accuse les années, ça ne sera probablement pas assez pour qu’il devienne à son tour un classique. Une fois arrivé sur Xen par contre, tout le potentiel du jeu se dévoile et vaut à lui seul de se lancer. On aurait aimé que tout le titre soit du même niveau, mais il aurait sans doute fallu repartir pour 14 nouvelles années de développement. Reste que si vous n’avez jamais joué à l’original (et on vous juge), vous risquez d’être déçus par ses mécaniques datant d’il y a 20 ans. Et on ne peut décemment pas vous recommander de sauter la moitié du jeu pour passer directement à Xen. Pour les autres, vous allez vous prendre une claque. Une très jolie claque.

Black Mesa est disponible sur Steam à 17,99€.

Test réalisé sur une version commerciale.

Fcp: La légende dit qu’il était là avant même la création de Nofrag. Personne ne le connait vraiment. C’est un peu notre maman.
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