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En commençant à dresser le bilan de l’année 2016 en matière de FPS, un constat sautait aux yeux : il est impossible de lister avec précision la totalité des jeux de tir sortis cette année.

C’était déjà très compliqué en 2015, mais il n’est même plus question d’essayer cette année. La multiplication des plateformes de vente (Steam, itch.io, Origin, Uplay, Humble Store…), l’explosion du nombre de sorties, la facilité d’accès aux différents outils de développement (gratuits pour certains) et la démocratisation de l’Accès Anticipé rendent la tâche plus compliquée que jamais. Rien que sur Steam, plus de 170 jeux sont répertoriés dans la catégorie (Tag) “FPS” pour l’année 2016. Ça commence à faire beaucoup, et c’est sans compter le reste.

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Sergey Galyonkin, le créateur de SteamSpy, remarquait d’ailleurs en novembre dernier que 38% (et certainement davantage depuis) des jeux disponibles sur Steam étaient sortis depuis janvier 2016. Cette hausse notable du nombre de sorties a forcément eu des répercussions sur le nombre de FPS parus cette année, mais d’autres raisons peuvent expliquer l’allure du graphique ci-dessus.

L’année 2016 a en effet été marquée par une autre tendance : le développement de la réalité virtuelle, qui a elle aussi donné naissance à une quantité astronomique de jeux en vue subjective. Si parmi les centaines de titres sortis, la plupart ne sont bons qu’à amuser la sphère YouTube, certains sortent du lot et exploitent le concept de la VR de façon intelligente. Mais ils ne courent pas les rues.

Mis bout à bout, les FPS et les jeux en vue subjective plus généralement (VR comprise) se comptent donc par centaines. Alors plutôt que de perdre du temps à tout compter, nous avons préféré dégager des tendances et dresser un bilan plus “macroscopique” de l’année 2016. Comme d’habitude, on ne traite dans cet article que les jeux sortis en version finale durant l’année. Les FPS à venir feront l’objet d’un second article.

On a donc rangé dans des petites boites les FPS qui ont marqué l’année 2016 :

  • 1 DOOM, parce qu’il se doit d’avoir sa propre catégorie.
  • 7 valeurs sûres, que vous pouvez acheter les yeux fermés.
  • 6 outsiders, des FPS plus modestes qui méritent votre intérêt.
  • 2 FPS allégés en hémoglobine (trois si on compte Overwatch), les cadeaux parfaits à offrir à votre petit cousin de treize ans.
  • 3 FPS qui étaient là aussi, mais qu’on ne savait pas où caser.
  • 5 FPS qui ont fait l’effort d’exister, mais qui n’auraient peut-être pas dû.
  • 4 rééditions de vieux FPS, parce que les éditeurs n’ont jamais assez d’argent.
  • 5 simulateurs de marche, pour se promener sans avoir à bouger les jambes.
  • 7 bonnes expériences VR qui animeront vos apéros si vous avez un casque de réalité virtuelle.

DOOM

Les valeurs sûres

  • Battlefield 1 : le grand gagnant, couru d’avance, de la célèbre bataille d’Octobre. Il cloue au poteau TitanFall 2 et le dernier Call Of Duty. Battlefield 1 se retourne vers ses illustres aînés et ravive les passions des fans de la première heure.
  • Shadow Warrior 2 : la suite plus ouverte et plus permissive du reboot sorti en 2013. C’est honteusement jouissif, on peut désormais y jouer en coopération et le jeu est construit pour durer. Il a aussi la meilleure musique de boss final de l’histoire du jeu vidéo.
  • Killing Floor 2 : Un FPS coopératif solide si on se frotte à la difficulté Survival. Plus joli, beaucoup plus sanglant, Killing Floor 2 propose une expérience jouissive. L’exemple même d’une bonne suite, mais aussi d’un bon Accès Anticipé, avec l’ajout (entre autres) d’un mode compétitif et un rééquilibrage permanent. L’aboutissement du premier Killing Floor.
  • Deus Ex: Mankind Divided : la suite en tout point de Human Revolution, qui reprend la même recette avec plus de contenu, un univers riche et vivant et un nouveau mode Breach. Par contre, il est optimisé à la truelle et on aurait aimé un mini-jeu pour s’occuper durant les heures de chargement entre les zones.
  • Overwatch : incontestablement le plus gros succès commercial de cette année en matière de FPS, et un véritable tour de force de Blizzard. 20 millions de copies vendues en octobre dernier, et certainement davantage depuis les fêtes de fin d’année. S’il n’a peut-être pas conquis tout le monde, il reste un très bon jeu de tir kawaii pour les amateurs de “FPS compétitifs mais pas trop quand même”.
  • Dishonored 2 : si je pouvais écrire cette description en 15 images par seconde et avec plein de bugs graphiques, je le ferais. Un autre exemple d’un portage PC catastrophique, qui a desservi un jeu à la direction artistique et au level-design de grande qualité. Même si certains gougnafiers pinaillent sur les mécaniques trop permissives et une IA trop aléatoire, il reste l’un des meilleurs FPS solo de l’année surtout depuis ses derniers patchs.
  • Rainbow Six Siege : il est peut-être sorti en décembre 2015, mais c’est durant l’année 2016 qu’il est devenu l’excellent FPS compétitif qu’il est aujourd’hui. On s’attendait à le voir mourir dans ses propres bugs et son netcode foireux mais Ubisoft s’est accroché et a corrigé le tir au fil des mois, annonçant même une deuxième saison et des mises à jour majeures pour 2017.

Petits mais puissants, les outsiders de l’année

  • SUPERHOT : le concept nous a tous plu : le monde du jeu ne bouge que quand vous le faites. Le résultat arrive même à être plaisant au delà de son gimmick. Un design épuré, une histoire méta qui arrive à être sympathique et une entêtante voif off : SUPERHOT. SUPERHOT. SUPER. HOT.
  • Devil Daggers : La violence dans son plus simple appareil. Prenez une arène, remplissez-la de créatures démoniaques au look Lovecraftien et foutez un joueur au milieu de tout ça que vous ferez mourir toutes les deux minutes. Saupoudrez le tout d’un zeste de highscore et vous ressortez avec un parfait anéantisseur de productivité. Encore meilleur sous cocaïne, mais à éviter sous LSD.
  • SEUM: Speedrunners From Hell : un jeu de speedrun avec quelques mécaniques intéressantes, récemment affublé d’un éditeur de niveaux et du Steam Workshop.
  • Event[0] : pile entre Gone Home et Cleverbot, un jeu d’exploration dans un vaisseau contrôlé par une intelligence artificielle. Tantôt votre meilleure amie, tantôt votre pire ennemie, l’IA est assez crédible et procure une certaine sensation de compagnie. Dommage que certains passages du jeu lui fassent de l’ombre.
  • Lovely Planet Arcade : c’est mignon mais assez exigeant si on prend la peine de jouer pour le speedrun.
  • Clustertruck : on se s’y attendait pas, mais cette simulation de Roms qui cherchent à passer la frontière est plutôt fun et addictive.

Les FPSSFW, allégés en hémoglobine

  • Battleborn : la risée de l’industrie, la tristesse d’une équipe, le character design de l’impossible, l’interface la plus chargée de l’histoire, le bad buzz fou qui enfonce un jeu dans les abysses insondables de la médiocrité. Personne n’y a joué, pas même l’équipe de développement.
  • Paladins: Champions of the Realm : on aimerait dire qu’il pourrait résister à l’ouragan Overwatch parce qu’il est bourré de qualités, mais il ne faut pas se leurrer. S’il peut avoir sa place à côté du monstre de Blizzard, c’est surtout parce qu’il est gratuit.

Ah c’est vrai, ils étaient là aussi

  • Call of Duty: Infinite Warfare : Je me demande comment vont les gens qui travaillent sur Call of Duty chaque année. Et combien de temps ils comptent encore faire agoniser la licence.
  • Titanfall 2 : un mode solo pour les gens qui pensent que les Marvel sont des bons films, une sortie en même temps que Battlefield 1, un système de déplacement très réussi gâché par un level design à la ramasse, Titanfall 2 est malheureusement un raté.
  • Toxikk : FRAG LIKE IT’S 1999, les joueurs en moins. Pour attirer du monde, les développeurs ont eu la bonne idée de vouloir proposer une version gratuite, mais tronquée de la plupart des fonctionnalités du jeu original (le server browser, par exemple). Résultat : 28 joueurs actifs à l’heure actuelle.

On admire l’effort, mais non merci

  • Space Hulk: Deathwing : ce qui arrive quand on installe Windows Vista sur des armures géantes de l’espace. Les rares joueurs qui ont réussi à le lancer sans bug l’ont aussitôt quitté.
  • Homefront: The Revolution : un open-world fade, pour la suite fade d’un jeu fade.
  • Mirror’s Edge Catalyst : un open-world fade, pour la suite fade d’un bon jeu.
  • Far Cry Primal : avouez, vous aviez oublié qu’il était sorti cette année.
  • Soul Axiom : une ambiance prenante, mais des énigmes pensées par un élève de CE1 pour un puzzle-game très moyen des créateurs de Master Reboot.

Les rééditions de vieux FPS, vaseline vendue séparément

  • Duke Nukem 3D: 20th Anniversary World Tour : le dernier coup de génie de Gearbox, consistant à faire disparaître toutes les anciennes versions de Duke Nukem 3D pour en ressortir une version légèrement pimpée à laquelle ils ont collé un niveau inédit. La Megaton Edition avait au moins le mérite d’être livrée avec tous les addons.
  • Bioshock: The Collection : les trois épisodes de Bioshock légèrement remaniés sur le plan graphique pour tourner sur la nouvelle génération de consoles. Dispensable mais heureusement, les nouvelles versions étaient gratuites pour les acheteurs des jeux originaux.
  • Hard Reset Redux : sûrement la réédition la plus honnête du lot, bien qu’un peu avare en contenu inédit. Si vous n’avez jamais joué à Hard Reset, c’est cette version qu’on vous conseille d’acheter. Mais certainement pas à 20 euros.
  • Call of Duty Modern Warfare Remastered : Bobby Kotick est un guedin. Il impose aux gens d’acheter le morceau de carton mouillé qu’est Infinite Warfare pour pouvoir jouer au remake de l’un des meilleurs Call of Duty jamais sortis, avec l’habituel lot de micro-transactions posé par-dessus.

Les First Person Solitude, les simulateurs de marche forcée

  • Firewatch : l’histoire d’un garde forestier qui fait tout sauf son travail. Il se balade dans les bois, trouve des sous-vêtements d’adolescentes et passe plusieurs semaines à parler à une femme à travers un talkie-walkie. Au moins, c’est reposant.
  • Layers of Fear et son DLC Inheritance : très soigné mais franchement pas très ambitieux, c’est un jeu à la mise en scène impeccable qui dure entre quatre et cinq heures.
  • No Man’s Sky : l’avatar vidéo ludique de Loki, Dieu du mensonge. Une campagne marketing digne d’une campagne présidentielle avec moult promesses non tenues et un patch qui arrive trop tard pour rattraper l’effet boule de neige, on se souviendra de No Man’s Sky comme un pétard mouillé. Tout ça pour ça.
  • The Witness : c’est un jeu de puzzle cryptique fait par un type prétentieux. C’est sans doute très bien construit, c’est très beau, mais ça reste un jeu de puzzle cryptique où les tableaux se résolvent souvent sans qu’on ne comprenne pourquoi.
  • Everybody’s Gone to the Rapture : The Chinese Room a relancé la mode des jeux narratifs à la première personne avec Dear Esther, celui-ci entre dans la même veine. Un jeu magnifique à conseiller aux amateurs d’immersion, mais on s’ennuie du début à la fin.

Les (bonnes) expériences VR

  • SUPERHOT VR : Plus qu’une simple adaptation de SUPERHOT pour la réalité virtuelle, c’est une expérience de quelques niveaux conçus exclusivement pour être joués avec l’Oculus Rift (et rien d’autre, malheureusement). En plus d’être immersif, ça procure une réelle sensation de puissance digne d’un Matrix.
  • Onward : un FPS qui se la joue simulation militaire en réalité virtuelle. Assez loin d’un ArmA ou d’un Squad, mais suffisamment exigeant et intense pour avoir sa place parmi les incontournables de la VR.
  • Arizona Sunshine : une bonne surprise, qui se sert adroitement du contexte zombie et qui propose une durée de vie plus qu’honnête pour un jeu VR.
  • Tilt Brush : de la peinture en trois dimensions, avec une bonne flopée d’outils différents et la possibilité de contempler des oeuvres réalisées par des gens qui savent vraiment dessiner. Un must-have pour tout possesseur de HTC Vive.
  • Keep Talking And Nobody Explodes : sorti en 2015, mais depuis adapté pour le HTC Vive en plus du Rift. Un joueur équipé du casque VR doit désamorcer une bombe en écoutant les instructions des autres joueurs qui lisent le manuel à côté de lui. Le jeu de base a de quoi vous faire passer de très bonnes soirées entre amis et de nombreux mods allongent sa durée de vie.
  • Thumper : un jeu de rythme ultra-violent à essayer sur des sessions de dix à quinze minutes si vous voulez garder votre cerveau intact.
  • Serious Sam VR: The Last Hope : des gens qui crient, des monstres, des flingues et des lasers en réalité virtuelle. Ça détend.

Ça, c’est ceux dont on se souviendra. Il en reste plusieurs centaines qu’on préfère ne pas citer mais que vous pouvez retrouver dans les profondeurs de Steam, à trois balles sur G2A ou sur la chaîne de votre YouTuber favori.

De très bonnes cerises sur un gros gâteau d’étrons

On le disait l’an passé, on le répète cette année et on n’y manquera certainement pas l’an prochain : on n’a jamais vu autant de FPS sortir en une seule année.

Cependant, DOOM, Overwatch, Battlefield 1, Dishonored 2, Shadow Warrior 2, Deus Ex: Mankind Divided, Killing Floor 2 et Rainbow Six: Siege sont pour nous les huit meilleurs FPS de l’année. D’autres ont essayé, mais sont trop rapidement tombés dans l’oubli ou pire – se sont lamentablement vautrés.

A côté de ça, d’autres jeux plus anciens mais toujours actifs (Counter-Strike: Global Offensive, Dirty Bomb, ArmA 3…) continuent d’occuper le paysage et attirent même de nouveaux joueurs.

On se souviendra dans tous les cas de 2016 comme une année particulièrement variée, entre les suites de suites, les reboots de vieux FPS et l’explosion (plus effrayante que jamais) des indépendants un peu partout. A cette vitesse, on se demande quelle tronche aura le magasin Steam dans quelques années.

Il convient également de revenir sur la réalité virtuelle qui s’est considérablement développée, mais reste pour le moment un luxe réservé à un public de niche.

Note : l’article traitant des FPS à venir en 2017 paraîtra ce week-end, le temps de compter depuis combien d’années DayZ est coincé en Accès Anticipé. Entre ARK: Survival Evolved, Escape From Tarkov et The Long Dark (dont on se moquait déjà l’an passé), il y aura de quoi s’amuser.

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