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Oubliez Bulletstorm, Serious Sam 3, Hard Reset, Rage et toutes ces vagues tentatives pour remettre au goût du jour l’époque où on pouvait exploser des monstres en paquet de douze sans être obligé de se mettre à couvert derrière une caisse.

Shadow Warrior version 2013 est le meilleur FPS solo bourrin qu’on ait eu depuis Painkiller. Il aura fallu attendre neuf ans, mais son successeur est enfin là, voici le nouveau Painkiller. Voici, Shadow Warrior ! [–SUITE–]

I am the Shadow Warrior!

En 1997, le jeu de 3D Realms nous mettait dans la peau de Lo Wang, un ninja quinquagénaire viril et bodybuildé au parler sarcastique. Seize ans plus tard, notre héros est toujours aussi acerbe, mais c’est à présent un jeune trou de balle imbu de sa personne. J’étais le premier à crier au sacrilège, n’ayant aucune envie d’incarner une espèce de super-ado-arriéré, j’avais tort.

Lo Wang est un personnage gorgé d’orgueil et méprisant qui prend tout à la légère en commençant par lui-même. C’est un maitre assassin, mais il n’a pas honte de collectionner les mangas, et si vous lui faites remarquer, il vous enverra chier avant de vous décapiter. Tout le monde se fout de sa gueule, mais il se fout du monde encore plus fort. Pour lui donner la réplique, les développeurs ont conçu un second personnage, Hoji, l’alter ego démoniaque qui accompagnera Lo Wang tout au long de l’aventure.

Hoji et Lo Wang nouent rapidement un rapport d’amitié vache. Ils ne perdent jamais une occasion pour se moquer l’un de l’autre ce qui donne lieu à un concours de vannes où nos deux protagonistes excellent. Dans l’ensemble, Shadow Warrior est beaucoup plus drôle et intelligent que son modèle original ou que Duke Nukem 3D. Les dialogues sont bien écrits, l’humour fait mouche et la performance des acteurs sonne juste, en tout cas en VO. Je n’ai strictement rien compris à l’histoire, mais ça ne m’a pas empêché de rire comme un couillon en écoutant les personnages sortir leurs vannes. Et croyez-moi, ce n’est pas souvent que je rigole devant un FPS ! J’ai juste un regret pour la fin qui se termine par un mélodrame larmoyant interminable qui tombe comme un cheveu sur la soupe.

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Painkiller en backpedal, Shadow Warrior en fast forward

Dans les FPS bourrins à la Serious Sam ou Painkiller, on a tendance à jouer en straffe arrière afin d’arroser la horde d’ennemis tout en les empêchant de vous massacrer au corps à corps. Ce n’est pas le cas de Shadow Warrior où vous avez tout intérêt à foncer dans la mêlée. Le sabre est tellement puissant que vous n’utiliserez quasiment jamais vos armes à feu. Tout comme dans NecroVisioN (l’autre bon FPS bourrin depuis Painkiller), le gameplay a été conçu pour vous encourager à aller au contact des ennemis plutôt qu’à les fuir.

Mais comment inciter le joueur à foncer sur des adversaires eux-mêmes taillés pour le corps à corps ? NecroVisioN rendait ceci possible grâce à un système de combo qui gagnait en puissance au fur et à mesure que vous enchainiez les attaques. Shadow Warrior utilise un autre procédé : en enfonçant la touche sprint, Lo Wang effectue des petits bons très rapides ce qui lui permet d’effectuer une attaque éclaire mortelle, puis de s’extraire immédiatement de la mêlée. Les combats ressemblent ainsi à un ballet mortel dans lequel votre personnage danse autour des ennemis en les taillant en pièces à coups de sabre.

Vidéo du chapitre 8/17, non commentée

Au fur et à mesure de votre progression, vous maitriserez trois nouvelles attaques au Katana : le coup rotatif pour frapper à 360°, la charge pour asséner un coup précis et puissant, et l’onde de choc qui envoie une attaque à distance capable de couper en deux plusieurs ennemis à la fois. Votre sabre devient ainsi une arme très versatile capable de vous tirer de toutes les situations. Grâce à la diversité des attaques, elle reste toujours très agréable à utiliser, que vous vous battiez en duel, contre une horde, ou à distance. Ne mâchons pas nos mots : le Katana de Shadow Warrior est l’une des armes les plus intéressantes jamais conçues dans un FPS, et sans aucun doute la meilleure arme de corps à corps que vous n’ayez jamais manipulée.

Tuer ! Tuer ! Tuer !

Face à votre assassin démesurément puissant se trouvent des hordes de démons. Si vous n’en affrontez que trois ou quatre à la fois au début du jeu, vous pouvez multiplier ce chiffre par dix dans les derniers niveaux. La plupart des créatures maléfiques vous attaquent au corps à corps à l’aide de sabres et de griffes. Certains font office de tanks avec des gros boucliers, tandis que d’autres vous arrosent à distance. Il y a des bosses, qui deviennent ensuite des mini bosses, surtout quand on les compare aux titans de 100m de haut que vous combattez ensuite.

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A vue de nez ? Une cinquantaine d’ennemis

Les niveaux sont semblables à ceux de Painkiller : de petites arènes réparties sur une grande carte ouverte que vous aurez plaisir à visiter afin de découvrir la multitude de passages secrets et d’easter eggs qui y sont disséminés. Le jeu fait la place belle à l’exploration, avec du backtracking et des raccourcis comme à la belle époque de Doom, sans toute fois être aussi ouvert. On peut se perdre ou galérer quelques minutes en cherchant une clé, mais rien de dramatique non plus.

L’aventure se conclut après dix-sept chapitres. Les développeurs avaient annoncé 12h pour en venir à bout, surprise ! Ils n’avaient pas menti. Avec le peu de moyens à leur disposition, les développeurs ont réussi à créer des environnements relativement variés, mais là où Painkiller proposait de nouveaux ennemis tous les 3-4 niveaux, Shadow Warrior les recycle jusqu’à plus soif. Pour le coup, le jeu peut se montrer lassant, car une fois arrivé à la moitié de la campagne, vous avez quasiment fait le tour des adversaires et les combats deviennent répétitifs. Mieux vaut alors ne pas chercher à enchainer plusieurs chapitres en une seule session, sous peine de se lasser.

Pour vaincre la monotonie, les développeurs ont intégré un système de progression avec une soixantaine de bidules à débloquer : upgrades pour les armes, nouveaux pouvoirs magiques, amélioration des prouesses physiques, apprentissage de nouveaux coups, etc. À l’issu de votre première run, vous débloquerez environ 70n à 80% de tous ces trucs, ce qui vous permettra de relancer la campagne avec le niveau de difficulté extrême débloqué. Malheureusement, on ne conserve pas sa progression ce qui est un peu handicapant pour un New Game Plus…

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Le jeu regorge d’easter eggs

Un petit mot sur la forme

Shadow Warrior s’appuie sur le moteur propriétaire Road Hog Engine qui avait déjà été exploité dans Hard Reset. Les graphismes sont très colorés et plutôt agréables à l’œil, bien que la qualité du rendu soit à mille lieues de titres comme Crysis ou Battlefield 3. Il est d’ailleurs assez étrange de devoir baisser les détails graphiques pour obtenir un jeu parfaitement fluide. La bande-son n’est pas en reste, avec de la musique discrète, mais parfaitement dans le ton du jeu, des bruitages convaincants et des tonnes de répliques hilarantes. Au final, nous avons droit à une réalisation technique sans fioriture, mais efficace.

Bon point, on peut pousser le FOV vertical à 85° ce qui permet de jouer sur un écran 16/9 avec un champ de vision horizontal de 110°. Il est également possible de sauter les cinématiques, virer le crosshair et les aides à l’écran et faire des quicksaves (F5/F9), sauf dans le niveau de difficulté maximal qu’on débloque en terminant la campagne.

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C’est cher, mais que voulez-vous…

Le plus gros point faible de Shadow Warrior, c’est son prix. 35€ (26€ chez GOG) pour un jeu uniquement solo avec des graphismes un peu datés, c’est cher, même si la campagne dure 12h et propose une bonne rejouabilité. Mais au lieu de donner dix euros par-ci par-là à des projets moisis sur Kickstarter, pourquoi ne pas confier votre argent à un studio indépendant talentueux qui vient sortir le successeur de Painkiller que nous attendions depuis 2004 ?

Shadow Warrior est ultra-violent, drôle, jouissif, speed, bourrin et propose un gameplay innovant basé sur le combat au corps. Nous n’avions pas vu un tel FPS depuis des lustres, donc si c’est votre came, faites-vous une fleur, achetez-le, faites-nous une fleur, financez ce type de jeux !

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Je meurs un peu plus d’une fois par heure en difficulté 3/4. N’hésitez pas à jouer au niveau max.
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