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En 2007, Crysis récoltait la note moyenne de 91%. En 2011, Crysis 2 voyait sa note descendre à 86%, et cette année le troisième épisode obtient péniblement 77%. Les journalistes sont-ils devenus plus difficiles ? Le jeu est-il vraiment moins bon ?

Certains prétendent que la campagne ne dure que 3h et que le multi n’a aucun intérêt, mais n’y aurait-il pas un peu de mauvaise foi envers Crytek ? Il faut dire que la société n’a pas très bonne réputation, la faute à son patron qui n’a de cesse d’exprimer son mépris pour les joueurs, ces enfants gâtés incapables de configurer convenablement les options graphiques, qui piratent en masse les jeux vidéo et que sais-je encore.

Je vous propose de mettre de côté tous ces enfantillages et de nous pencher plutôt sur ce que le jeu a réellement dans le ventre, car Crysis 3 est loin d’être un simple FPS de plus, et si vous aimez vraiment les FPS, il serait idiot de passer à côté en vous fiant à des préjugés et des critiques peu avisées : [–SUITE–]

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Crysis 2, le retour

Crysis 3 est à crysis 2 ce que Warhead était à Crysis. Donc si vous n’avez pas aimé le 2, aucune chance pour que vous accrochiez au 3, sauf peut-être si vous avez mis à jour votre PC entre temps.

Les sept missions de la campagne solo se basent sur un level design similaire à celui de Crysis 2 : les maps sont composées de plusieurs bulles d’action séparées par un couloir, une porte, ou un autre artifice permettant de bien cloisonner chaque bataille. Vous passez donc d’une bulle à une autre de façon très linéaire, mais les combats restent tout de même assez ouverts. Il faudrait faire preuve d’une grande mauvaise foi pour comparer les gunfights de Crysis 3 à ceux d’un CoD ou d’un MoH. Grâce à votre combinaison, vous pouvez facilement passer d’un abri à un autre en restant invisible ou profiter de la verticalité des cartes en sautant ou en vous hissant en hauteur.

L’IA réagit en conséquence : elle se met à couvert, fait des tirs de suppression, spam des grenades, se regroupe autour de votre dernière position lorsque vous disparaissez. Évidemment, face à un adversaire invisible, elle se fait souvent berner et peut sembler idiote, mais elle est pourtant incomparablement plus maline que celle des autres FPS.

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Trop dur ou trop court

Mais contrairement à ce que vous avez pu voir sur les vidéos promotionnelles, il est impossible de s’infiltrer en mode invisible, utiliser le maximum-power pour réaliser un saut de 5m, passer en mode armure en plein vol, tirer une flèche dans la gorge d’un ennemi, ramasser son arme et massacrer les adversaires restants à la M60. Enfin si, c’est possible, à condition de jouer en difficulté normale. Dans ce cas, vous pourrez vraiment vous éclater en exécutant des actions de dingues, mais en contrepartie vous verrez la fin du jeu au bout de cinq heures.

Si vous optez pour le mode de difficulté le plus élevé, vous serez obligé d’adopter un style beaucoup plus prudent, car sans le mode armure, il suffit d’une ou deux secondes sous le feu adverse pour succomber. Votre mode de prédilection sera donc l’invisibilité. Vous devrez choisir vos cibles avec soin et les descendre discrètement à l’arc pour ne pas révéler votre position. Vous aurez aussi tendance à utiliser les fusils de précision pour éliminer les adversaires en restant prudemment à bonne distance, ou à hacker les tourelles et les mines pour piéger l’ennemi sans prendre de risque. Pour éviter de vous faire surprendre, vous abuserez également du mode viseur permettant de taguer les adversaires, même à travers les murs, ce qui revient finalement à jouer avec un wallhack. À ce niveau de difficulté, comptez plutôt huit heures pour terminer la campagne, mais vous serez peut-être frustré par la rigidité que la difficulté impose à votre style de jeu.

Mon conseil : jouez une première fois au mode de difficulté max, n’hésitez pas à abuser de l’invisibilité, de l’arc et du mode viseur. Une fois que vous aurez plié le jeu, refaites la campagne à la difficulté par défaut et cette fois-ci faites-vous plaisir avec le mode maximum-power, les explosifs et l’arsenal de bourrin : shotgun, mitrailleuse, et armes aliens. Rentrez leur dedans, faites tout péter, vous l’avez bien mérité !

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Le plus beau jeu jamais sorti

Le scénario est complètement tordu et parfaitement incompréhensible à moins d’écouter tous les enregistrements audio dispersés sur la carte. Même ainsi, vous aurez du mal à prendre au sérieux la scène finale qui ferait presque passer Transformer pour un film réaliste. Quoi qu’il en soit, l’histoire est un bon prétexte pour vous faire visiter plusieurs environnements :

Chacun des sept chapitres propose une ambiance visuelle unique servie par des graphismes superbes qui fourmillent de détails. Dans les premiers niveaux, vous progressez à travers la verdure éclatante d’un champ d’herbes hautes, vous enjambez un ruisseau formé par une conduite d’eau éventrée, le soleil projette ses rayons à travers les branches d’un arbre en fleur, quand soudain vous apercevez une biche qui vous observe, cachée derrière une épave de voiture, avant de s’enfuir dans les ruines d’un New York dévasté. Je n’ai pas pris beaucoup de claques graphiques dans ma vie : il y a eu Doom, Unreal, Doom 3, Crysis, le solo Battlefield 3 et à présent Crysis 3. Si vous pensiez que les vidéos de la PS4 étaient bidonnées, attendez de voir tourner Crysis 3 sur votre PC : c’est du jamais vu.

Osez dire après ça que le jeu n’est pas sublime

Par contre, n’hésitez pas à baisser les détails : une fois en mouvement, le jeu est tout aussi beau en « moyen » qu’en « élevé », et il est surtout beaucoup plus fluide. Avec ma 580 GTX et mon 2600K, j’ai fait les trois premières missions en high 1080p à environ 35FPS avant de passer en medium à 50FPS ce qui était beaucoup plus agréable. La plupart des options du mode extrême ont été conçues pour les amateurs de technologie : amusez-vous avec pour benchmarker votre machine ou faire de jolis screenshots, mais ne les utilisez pas une fois en jeu, ça n’a aucun intérêt.

Pour conclure sur la campagne, il s’agit d’un bon FPS solo, moins ouvert que Crysis, mais beaucoup plus qu’un CoD. Le jeu est court (5-8h selon la difficulté), le scénario est imbittable, le dernier niveau un peu bâclé, mais ça vaut le coup d’y jouer, ne serait-ce que pour les graphismes à tomber par terre.

Un multiplayer très complet

Crysis 3 contient huit modes de jeu, tous jouables dans chacune des douze cartes. En supposant que la durée moyenne d’un round est de 7 minutes, il vous faudrait plus de onze heures pour jouer à tous les modes sur toutes les cartes. Selon moi, trois modes de jeu se démarquent pour leur originalité ou leur efficacité :

  • Crash site est une sorte de King of the Hill. Au début du round, un bidule alien tombe du ciel et votre équipe doit contrôler le site du crash pour accumuler des points. Une fois la zone épuisée, l’alien explose et un second s’écrase ailleurs sur la carte. L’action se concentre donc naturellement autour d’un point et se déplace lors de chaque crash alien. C’est dynamique, lisible, probablement le mode de jeu préféré de la plupart des joueurs.
  • Hunter est original, très fun, mais tout de même rapidement limité : les deux agents du Cell équipés de nanosuits, d’arcs et d’invisibilité illimitée doivent dézinguer l’équipe de marines dispersée sur la carte. Quand un marine se fait tuer, il réapparait dans l’équipe du Cell. Les rounds sont en temps limité et les agents du Cell ont tout intérêt à bourriner sachant qu’ils peuvent respawner et qu’ils possèdent un énorme avantage avec leur invisibilité, leur rapidité et leur arc qui se comporte comme un railgun.
  • Assault est le mode de jeu qui demande le plus de finesse : tout comme dans Hunter, des agents du Cell en nanosuits sont confrontés à des Marines à poil. Sauf que cette fois-ci, personne ne respawn et les soldats en nanosuits sont équipés de simples pistolets alors que les Marines possèdent SMG, shotgun et fusils d’assaut. Le but du Cell est de prendre le contrôle de zones ce qui attire fatalement les Marines et leurs armes lourdes. L’asymétrie du gameplay est très intéressante, puisqu’elle donne lieu à un étrange jeu de cache où on ne discerne plus le chasseur de la proie : d’un côté, les joueurs en nanosuits peuvent profiter de leur rapidité et de leur invisibilité pour se la jouer Predator et éliminer les marines un par un. De l’autre, les Marines courent dans tous les sens, confiants dans la supériorité de leur armement et cherchant à débusquer les agents du Cell pour les butter d’une rafale de fusil d’assaut.

Les autres modes de jeu proposent du CTF, du Conquest, du DM, du TDM et un autre mode d’attaque défense qui ressemble vaguement à du CTF sauf qu’une seule équipe possède des drapeaux. Dans l’ensemble, les cartes sont plutôt réussies avec une bonne verticalité et des environnements proposant plusieurs types de gameplay. Que ce soit en terme de taille ou de qualité, elles sont finalement très similaires à celles de Crysis 2, d’ailleurs on retrouve le remake de celle se déroulant sur le toit d’un building. Et, chose étonnante, le jeu est presque aussi sublime en multi qu’en solo.

Un excellent test du multi en vidéo. Pas besoin de comprendre l’anglais pour voir le gameplay

Une nanosuit rééquilibrée

Concernant les armes et la nanosuit, ceux qui ont joué à Crysis 2 se retrouveront en terrain connu, mais Crytek a tout de même rééquilibré pas mal de points. Le plus important concerne les pouvoirs de la nanosuit et notamment l’invisibilité. En retirant les modules améliorant la furtivité, le pouvoir de camouflage n’est plus aussi ultime qu’avant. Il vous rend difficile à repérer, certes, mais vous êtes également très fragile.

Par défaut, vous resterez plutôt en mode maximum-power grâce auquel vous vous déplacez vraiment très rapidement. Vous passerez en mode armure seulement si on vous tire dessus (quoiqu’il puisse être utile de reste en power pour esquiver) et en mode invisible pour préparer un coup en traitre. Il n’est donc plus la peine de passer son temps en nano-vision pour débusquer les joueurs invisibles, puisque la plupart préfèrent courir à toute blinde en mode maximum-power, et ils ont raison ! En ajoutant le module Maneuvrability, il est possible d’atteindre des vitesses indécentes, de bondir partout, d’escalader les murs, de faire des glissades… Si vous aimez bouger, si vous aimez la rapidité, vous serez comblé.

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Encore un jeu de cowboys

Au fur et à mesure que vous jouerez, vous débloquerez des armes, du matériel pour les personnaliser et des modules pour customiser votre nanosuit. Les possibilités sont vraiment très larges et permettent de changer radicalement votre style de jeu en fonction de la classe que vous vous êtes bricolée : un assassin armé d’un arc, un bourrin super rapide avec un shotgun, un sniper, un tank équipé d’une mitrailleuse, etc. Les trois classes de départ sont déjà très puissantes et vous permettrons de vous mesurer aux joueurs de niveau plus élevé. Le leveling se fait ensuite très rapidement et il vous suffira de deux ou trois soirées pour pouvoir vous bricoler une classe correspondant à votre style de jeu.

Une fois que vous maitriserez les différents modes de votre nanosuit et que vous aurez trouvé vos armes favorites, vous pourrez vraiment vous épanouir grâce à une belle courbe d’apprentissage et à un sentiment de puissance incroyable. Bien que l’action soit extrêmement intense, il n’est pas rare de croiser des joueurs parvenant à atteindre des ratios de 35-5 alors que les rounds durent à peine 7 minutes. Faites le compte : ça fait un frag toutes les 12 secondes. Quand je vous dis qu’on peut se sentir puissant ! Mais c’est à condition bien sûr de jouer brillamment, or pour ce faire il ne suffit pas de bien viser, il faut de la pratique et une bonne intelligence de jeu. Ne comptez pas sur votre équipe pour vous porter : il y a très peu de teamplay. Le multi de Crysis 3 est un jeu pour les cowboys, vous avez intérêt à bosser votre skill individuel.

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C’est tout de même un peu confus…

Tout comme dans Crysis 2, le multi du 3 se joue sur des serveurs dédiés en 6v6 sur consoles et en 8v8 sur PC. Personnellement, je trouve que les cartes sont trop petites pour 16 joueurs et je regrette de ne pas voir plus de serveurs limitant le nombre de joueurs à 14, voire moins. L’action est tellement intense qu’à moins d’être vraiment excellent ou de connaître chaque recoin des maps, vous risquez de mourir souvent sans trop comprendre pourquoi : les ennemis sont partout et pendant que vous tirez sur l’un, il est probable qu’un autre vous prenne pour cible. L’aspect confus des combats diminue au fur et à mesure qu’on connaît les cartes et qu’on sait comment appréhender une zone disputée sans se faire attaquer de flanc, mais l’action reste tout de même très intense et les joueurs friands de ruses et de contournements bien roublards resteront sur leur faim.

Crysis 3 : un FPS pour ceux qui aiment les FPS

La campagne solo se base sur un gameplay efficace et dynamique avec des missions constituées de petites bulles d’action ouvertes, reliées entre elles de façon linéaire. Elle est courte, mais vous serez peut-être tenté d’y jouer deux fois : la première en difficulté maximale en adoptant un style Predator, et la seconde au niveau de difficulté par défaut pour rentrer dans le lard des adversaires et faire un gros massacre bien sanglant.

Mais c’est le multi qui constitue le gros du jeu : une douzaine de cartes, huit modes de jeu, des tonnes de combinaisons différentes pour personnaliser votre nanosuit et vos armes. Si vous aimez les FPS avec une action intense et une grosse part de skill individuel, vous serez servi. Il n’y a quasiment pas de teamplay, mais par contre l’aspect shooter, les armes et les mouvements sont redoutablement efficaces.

Au final, Crysis 3 est très proche du précédent épisode. Le solo est plus court, le multi peut-être un poil plus nerveux, mais dans l’ensemble c’est la même chose, ni mieux, ni moins bien, sauf pour les graphismes qui sont vraiment à tomber par terre. Si vous cherchez un jeu bac à sable, un multi privilégiant le teamplay ou simplement un jeu innovant, vous allez être déçu. Crysis 3 est un FPS pur et dur avec une jolie campagne solo et un gros multi bien violent.

Avertissement : avant de jouer, créez-vous un fichier autoexec.cfg à la racine du répertoire d’installation et insérez-y ces quelques lignes pour élargir votre FOV, virez les vidéo d’intro affichée chaque fois que vous lancez le jeu, et retirer la limitation du nombre d’images par seconde :

cl_fov 80
g_skipIntro 1
pl_movement.power_sprint_targetFov 80
sys_MaxFps 0

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