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Je n’aime pas les puzzles, donc je n’aime pas Portal 2. Je n’ai pas envie d’écrire ce test et je suppose que vous n’avez pas particulièrement envie de le lire, surtout que vous avez déjà probablement terminé le jeu. Mais dans la vie, on ne fait pas toujours ce qu’on souhaite, donc j’ai joué à Portal 2, j’ai écrit ce test et vous allez le lire : [–SUITE–]

Ma femme, mon boulot

Je suis informaticien et mon métier consiste à résoudre des problèmes vides de sens. Quand j’ai trouvé une solution, on me confie un autre problème, différent, mais pas forcément plus difficile. Après le boulot, je rentre chez moi où je suis accueilli par ma femme qui me fait des reproches et m’assaille de sarcasmes.

Portal 2, c’est la même chose : je rentre dans une salle, je dois résoudre un puzzle absurde, je gagne ainsi accès à une autre salle où je suis confronté à une nouvelle énigme, différente, mais pas forcément plus difficile. Sans oublier bien sûr la voix féminine de GladOS qui m’abreuve de reproche avec son petit air sarcastique qui ne la quitte jamais.

On dit souvent que les jeux sont une façon de nous préparer aux difficultés de la vie : les chatons jouent avec les souris pour s’entraîner à la chasse. Les chiots se chamaillent pour apprendre à se battre. À cela, il faut à présent ajouter les nerds qui jouent à Portal 2 pour se préparer à affronter un boulot répétitif et vide de sens tout en supportant les sarcasmes de leur femme.

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Ma vie, ma mort

Il faut admettre que sur ce point Portal 2 fait très bien son boulot : la simulation est d’une rare fidélité. Le complexe d’Aperture, avec ses décors artificiels où tente de survivre un peu de verdure, est une bonne préparation aux transports en commun qui vous mèneront plus tard vers le parvis de La Défense pour bosser dans des bureaux décorés de maigres plantes vertes. Et GlaDOS ? Ah, GlaDOS, cette intelligence froide, sarcastique et manipulatrice… Elle réussirait presque à faire passer les femmes pour des êtres bienveillants.

À la réflexion, je regretterais presque de ne pas avoir pu jouer à Portal 2 quand j’étais encore adolescent. Grâce à lui, peut-être aurais-je fait une grande carrière et deux gosses à ma femme… Mais malheureusement il est trop tard pour moi : tout ce que ce jeu parvient à faire, c’est me rappeler ma triste routine, mon travail, ma femme… Sauf qu’à la place d’un happy ending après 7 heures de jeu, je mourrai dans la pisse et la souffrance après 70 ans de calvaire.

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C’est comme le premier, mais en plus réussi

Même si vous l’avez déjà terminé, je vais tout de même parler rapidement du jeu, sinon ça ne ferait pas très sérieux. Donc Portal 2, c’est comme Portal 1, sauf que le solo dure sept heures et que les salles « challenge » ont été remplacées par cinq heures de coop à deux joueurs. À part ça, les joueurs râlent toujours à cause des nombreux chargements (de 5 secondes) entre chaque salle et du vieux moteur Source (qui est constamment remis au goût du jour et qui affiche ici un jeu absolument splendide). Pour être exhaustif, ajoutons que VALVe prévoit un DLC gratuit qui signera le retour des salles « challenge ».

Portal, que ce soit le 1 ou le 2, ce sont des puzzles, une histoire et de l’humour. Les puzzles de ce nouvel épisode sont plus variés grâce à l’apparition de nouvelles mécaniques : les fameuses peintures qui permettent de rebondir sur les murs ou de courir très vite, mais aussi le coop à deux joueurs pour un total de quatre portails. Par contre, les puzzles sont également un peu plus dirigistes : une fois que vous avez trouvé la solution prévue par les développeurs, c’est un jeu d’enfant de passer une énigme. Seuls les trophées pourront vous convaincre de revenir sur le jeu une fois que vous l’aurez terminé.

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De même, l’histoire laisse moins de place à l’imagination. Quasiment tout est expliqué, du début à la fin. Idem concernant l’humour plus grand public, ce qui ne veut pas dire qu’il est moins réussi. Disons que si Portal était un film des Monty Python, alors Portal 2 serait un Pixar. Forcément, ça explique le manque de « mèmes » issus de Portal 2 : à part dans les cours de récréation, peu de gens reprennent les répliques de Toy Story ou de Wall-E ; même chose pour Portal 2.

Le jeu parfait (que je n’ai pas aimé)

Plus varié, plus grand public, plus beau, Portal 2 est une fabuleuse réussite que ce soit pour les joueurs ou pour VALVe. On n’est pas loin du jeu parfait, mais ça ne signifie pas qu’il plaira à tout le monde. Les puzzles, ce n’est pas mon truc. Moi, j’aime tuer les gens et je n’ai pas aimé Portal 2.
Et je vous rassure, j’adore ma femme.
Et je ne l’ai pas tuée.
Pas encore.

Merci à nico, EXpMiNi, Pellegrino_San, PainCake et XoBaR pour les screenshots.

iJustine : « it hurts my brain… »
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