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Si nous sommes deux à tester Bulletstorm, ce n’est pas à cause de la taille du jeu qui aurait demandé trop de travail à un seul homme. Oh que non ! En vérité, après avoir essayé le mode multijoueurs, Netsabes n’avait plus la motivation pour continuer la campagne solo, tandis que moi-même qui ai achevé le solo, je n’ai pas particulièrement envie d’essayer le multi.

Ca donne envie, n’est-ce pas ? J’espère que ce test ne vous dégoûtera pas totalement d’essayer le jeu qui mérite tout de même un minimum d’intérêt : [–SUITE–]

Dites, vous ne vous seriez pas un peu foutu de notre gueule ?

Durant la promo du jeu, Epic n’a cessé de nous répéter que Bulletstorm ne se prenait pas au sérieux : c’est faux. Le scénario est convenu, les dialogues ne sont pas drôles et la campagne se termine dans un mièvre élan dramatique qui n’a rien à envier à un épisode des Feux de l’Amour.
– Oh, Gray, c’était donc toi le meurtrier de mon père!
– Oui Trishka, mais à l’époque je ne savais pas ce que je faisais. Tu me hais à présent, j’en ferais autant à ta place.
– Non Gray, je sais que tu as bon coeur. Ce n’était pas ta faute. Tu n’as pas à t’en vouloir.
– Trishka, qu’allons-nous devenir à présent ?
– Embrasse-moi Gray !
– Non ! Notre amour est impossible, ne comprends-tu donc pas ?
Oh putain, ferme ta gueule et prends-la en levrette puisqu’elle le réclame ! Si le scénario et l’ambiance de Bulletstorm peuvent plaire à un certain public, il faudra le chercher auprès des fans de Stargate. Quant aux répliques du héros, elles sont à milles lieus des cultissimes tirades du Duke contrairement à ce que nous promettait Cliff ‘Bigmouth’ Bleszinski. Certes, le scénario n’est pas si important que ça dans un FPS, mais celui de Bulletstorm est tellement envahissant qu’on peut difficilement l’ignorer :

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Bulletstorm n’est qu’un long couloir où s’enchainent des combats d’une rare intensité. Du moins, c’est ce que pensent les développeurs. Et afin de ne pas trop te stresser, toi le fragile petit joueur de FPS, ils ont inséré des scènes scriptées toutes les deux minutes afin que tu puisses souffler. C’est sûr qu’avec ça, tu ne seras pas stressé. Mais attendez une seconde, si je joue à des FPS, ce n’est pas justement pour le stress et l’adrénaline ?

La première mission de Bulletstorm, qui fait également office de tutorial, est une véritable torture : elle vous inflige des QTE toutes les trente secondes. Vous tuez un ennemi, bam le sas explose :
« appuie sur Q pour ramper avec le bras gauche »
Q
« appuie sur F pour ramper avec le bras droit »
F
« appuie sur Q pour ramper avec le bras gauche »
Q
« appuie sur F pour ramper avec le bras droit »
F
« appuie sur Q pour ramper avec le bras gauche »
Q
« appuie sur F pour ramper avec le bras droit »
F
« appuie sur E pour fermer le SAS »
E
Ouf, je l’ai échappé belle ! N’est-ce pas pour ces scènes d’une rare intensité que nous sommes tous fans de FPS ? La suite de Bulletstorm est moins catastrophique, mais les QTE et les scènes cinématiques sont tout de même beaucoup trop fréquents. Dès que vous commencez à enchainer quelques frags, à bien vous mettre dans le bain et à vous amuser, le jeu vous freine dans votre élan en vous sortant un dialogue crétin ou un QTE sans intérêt. On est loin de la frénésie du précédent titre de People Can Fly : Painkiller.

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Parlons un peu du jeu

Un Unreal Engine 3 bien exploité : Bullestorm est fluide et coloré. Les ennemis semblent tirés de Gears of War, mais ils crachent de fort belles gerbes de sang. Ce sont surtout les décors qui impressionnent. A tel point qu’on s’arrête parfois uniquement pour admirer le paysage. Bulletstorm n’est pas une révolution technologique, mais il n’en n’est pas moins très agréable à l’œil.

En dehors de son ambiance de film pour d’ado et de ses QTE envahissants, Bulletstorm propose des combats originaux dont le principal intérêt réside dans les skillshots. Pour ceux qui sont arrivés sur NoFrag en suivant un lien vers un site de cuisine, rappelons comment fonctionnent les skillshots : si vous tuez un gars en lui lâchant une rafale de mitrailleuse dans le bide, ça ne vous rapporte quasiment aucun point. Par contre, en lui shootant les couilles puis en lui arrachant la tête avec un coup de pompe, vous marquez une petite centaine de points. Plus vos frags sont spectaculaires et plus vous gagnez des crédits grâce auxquels vous achetez des armes et des munitions.

Dans le principe, c’est plutôt cool, mais en pratique ça impose au joueur un style de jeu un peu pervers. Pour avoir l’impression de bien jouer à Bulletstorm, vous devez marquer des points ce qui implique d’aller au contact et de prendre des risques. Or, pour être efficace dans les combats, mieux vaut rester à distance et massacrer les ennemis tout en restant à couvert. Autrement dit, pour avoir l’impression de bien jouer, il ne faut pas agir de façon efficace… Quand je vous disais que c’était pervers !

Bulletstorm est un jeu très facile : au niveau le plus dur, il y a quelques passages chauds où on peut mourir, mais le danger reste artificiel. En effet, avec ses skillshots, le jeu vous incite à créer vous-même la difficulté ce qui fait disparaitre une bonne part de la tension sachant que vous pouvez arrêter de vous mettre en danger en campant derrière une caisse pour réussir un passage difficile.

Dans un FPS classique, si c’est difficile, il n’y a qu’une seule solution, c’est de lutter et de jouer mieux ce qui est assez stressant. Dans Bulletstorm, il suffit d’arrêter de se mettre soi-même dans la merde… Un FPS où il n’y a pas de stress, est-ce vraiment ce que vous désirez ? OK, certaines armes sont amusantes et permettent de trucider vos adversaires de façon créative, mais si c’est un bac à sable que vous cherchez, retournez à la maternelle faire mumuse avec des gamins de 4 ans ou branlez-vous la nouille en faisant des constructions dans Minecraft. Ici c’est NoFrag, le site d’actualité des simulateurs de meurtres : on veut de la violence, de la tension et du challenge ! Les armes sont faites pour tuer, tuer, tuer, pas pour jongler avec les ennemis.

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Le solo : tu le torches et tu l’oublies

Sachant que la campagne est un long couloir truffé de scènes scriptées de QTE et de railshooting, vous vous doutez que la rejouabilité du titre n’est pas au top. En réalité, le jeu est tellement répétitif que certains s’en lasseront avant d’arriver au bout (n’est-ce pas Netsabes ?). Et pourtant la campagne ne dure pas plus de huit heures… Il n’y a que sept armes, les skillshots ne sont pas si variés qu’on pourrait l’imaginer, mais c’est surtout le level design qui se répète : un couloir, une arène toute plate (normal, on ne peut pas sauter…) avec quatre ou cinq ennemis et des caisses pour se planquer derrière, un autre couloir, une autre arène et ainsi de suite. Tous les combats se ressemblent…

Pour rallonger un peu la durée du jeu, les développeurs ont inclus un mode « Echo » où vous devez faire un maximum de point sur des passages extraits de la campagne, mais là aussi on se lasse vite, car on découvre rapidement que les possibilités offertes par les skillshots sont limitées.

Un multi qui tourne sur six cartes

Si comme moi la répétitivité du solo et l’abondance de QTE vous répugnent, sachez que le multi a déjà un avantage : il n’y a pas de QTE ! En revanche, n’espérez pas trop que le jeu soit moins répétitif : le principe du mode « Anarchie », soit le seul mode multi disponible, est de vous mettre dans une arène en coopération avec trois autres joueurs contre 20 vagues successives d’ennemis. Pour passer à la vague suivante, il ne suffit pas de buter tout le monde : il faut battre un score fixé par le jeu à chaque round, ce score étant la somme des skillshots des quatre joueurs.

Pour terminer les 20 vagues, comptez entre 2 et 4 heures, suivant le niveau de votre équipe : ce qui compte, c’est de faire du score, et si vous vous contentez de buter les ennemis en faisant des petits points, vous aurez du mal à avancer dès la huitième ou dixième vague. N’aie crainte, lecteur : tu peux recommencer la vague aussi longtemps que tu le veux.

La marque du gamepad : même sur PC, le mouse smoothing est forcé, le FOV réduit à 85° horizontal et le framerate bloqué à 62FPS. Et comble de la connerie, les fichiers de configuration permettant de corriger ces problèmes sont encryptés ! Recherchez BulletstormINIeditor.exe sur Google pour télécharger un programme qui vous permettra de les modifier et de jouer dans de bonnes conditions.

Tout ça veut dire deux choses : vous allez passer énormément de temps sur la même map (il n’y a que six arènes, et en réalité seules les deux plus petites sont les plus jouées) ; et il ne faut pas jouer avec des bras cassés. Pour faire du point, à peu près tous les skillshots du solo sont à votre disposition (et toutes les armes, à l’exception du snipe), mais les réaliser en équipe (c’est à dire en tirant à plusieurs sur la même cible par exemple) donnera plus de points, et surtout des points à tout le monde. Un joueur préférant tuer ses cibles en solo ou les achevant rapidement sera du coup un sacré poids mort.

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Par ailleurs, le manque de variété des ennemis du solo se retrouve ici aussi : les ennemis sont plus ou moins les mêmes à chaque vague, tout ce qui change c’est le score à atteindre. Bref, vous avez les mêmes IA stupides sur la même map durant plusieurs heures. Votre seul espoir avant de mourir d’ennui, c’est votre capacité à trouver des moyens d’engranger encore plus de points.

Il y a tout de même un système de progression propre à chaque partie : quel que soit votre niveau, vous repartez de zéro niveau armes et compétences (leash, force du coup de pied, etc) et vous achetez nouvelles armes, compétences et munitions avec les points de vos skillshots. C’est à peu près tout ce qui différenciera une partie d’une autre.

En plus de ça, il y a également un système d’XP (qui oserait encore sortir un jeu sans points d’expérience et « progression » du joueur aujourd’hui ?), mais il est purement cosmétique : quand vous gagnez un niveau (il y en a 65), vous ne débloquez pas une nouvelle arme, mais une nouvelle skin pour votre perso. People Can Fly s’est probablement dit qu’après avoir imaginé des dizaines de façons de tuer votre prochain, vous aimeriez jouer à la poupée.

Ce n’est pas non plus un mauvais FPS
Cet article, il faut l’admettre, se concentre essentiellement sur les points négatifs de Bulletstorm qui s’avère vite répétitif et n’offre quasiment aucune tension. Le jeu est néanmoins distrayant et original, mais il avait tellement de potentiel, nous l’attendions avec tant d’impatience que nous sommes forcément déçus et un peu amers. Bulletstorm ne vaut pas 50€, mais essayez-le néanmoins le jour où il sera en promo à -75% : il se pourrait que ça vous plaise.

Le jeu obtient une moyenne de 83% dans la presse professionnelle. Ce n’est pas sûr qu’il les mérite…

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Merci à nKZz, sgt_canardo, Cireme et Xobar pour les screenshots !
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