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La campagne solo de Call of Duty 4 est linéaire, l’IA des ennemis est tout juste médiocre, les adversaires respawnent à l’infinie, et pourtant, il s’agit d’un modèle du genre que beaucoup de développeurs tenteront d’imiter.

La partie multiplayer propose peu d’innovations, il y a des MP5, des M4, des petites cartes sans véhicule, un gameplay multiplateforme consoles/PC, et pourtant, c’est rapidement devenu l’un des FPS les plus joués au monde.

Alors quoi ? Nos critères pour juger les FPS sont-ils obsolètes ? Comment un jeu répondant à toutes les caractéristiques que nous attribuons aux mauvais FPS peut-il être l’une des meilleures surprises de l’année ?

[–SUITE–]

Tout est une question de rythme

Avis à ceux qui ne jurent que par les jeux ouverts et que la linéarité insupporte : Call of Duty 4 n’est pas fait pour vous. Même si la majorité du jeu se déroule en extérieur, les niveaux sont aussi fermés que pourrait l’être une suite de pièces et de couloirs. Que vous soyez un vétéran ou un parfait débutant, vous vivrez très exactement la même expérience de jeu.

Mais Infinity Ward a bien compris le secret pour réussir un FPS linéaire. Le truc, c’est de toujours proposer quelque chose de nouveau avant que le joueur n’ait le temps de se lasser. Ainsi, dans Call of Duty 4, vous aurez l’occasion de (attention, spoiler) :

  • survivre à une explosion nucléaire ;
  • tirer sur une cible située à plus d’un kilomètre ;
  • ramper dans les hautes herbes au milieu d’un bataillon ennemi ;
  • prendre d’assaut un navire en pleine tempête ;
  • sauver un pilote de Black Hawk crashé dans une ville hostile ;
  • voir vos coéquipiers mourir ;
  • vos adversaires se suicider ;
  • sauver le monde ;
  • et bien davantage !

Les niveaux trop classiques et ennuyeux ne durent jamais longtemps, car les missions s’enchainent à toute vitesse et réussissent souvent à nous surprendre. Cette rapidité est la cause de la faible durée de vie de CoD4 (entre 5h et 12h), mais c’est aussi l’une de ses plus grandes qualités.

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Le poids des images, la force des mots

Avant la qualité du moteur 3D, ce qui fait la beauté d’un jeu, c’est le talent de ses artistes. La palette de couleurs utilisée, les filtres appliqués sur l’image, la profondeur de champ, l’architecture, la perspective des décors : autant d’éléments qui permettent à Call of Duty 4 d’être parfois aussi impressionnant que Crysis. Je dis parfois, car il faut admettre que la plupart des
cartes du jeu sont peu inspirées. Mais les plus belles sont si réussies qu’on s’en souvient encore une fois la campagne terminée.

La qualité des graphismes est renforcée par les scènes qu’ils représentent. Call of Duty 4 est rempli d’images fortes, parfois choquantes. Je pense notamment à cette mission où, à bord d’un AC-130, vous devez massacrer des types sans défense. Le réalisme de l’image, les commentaires détachés de vos coéquipiers et la tâche inhumaine que vous devez accomplir contribuent à créer un climat malsain.

L’une scène des quelques scènes cultes de CoD 4.

Même pour un joueur habitué à tuer des terroristes par centaines, il y a de quoi se sentir mal à l’aise. CoD nous mettait dans la peau d’un Russe obligé d’avancer sous peine de se faire mitrailler par ses supérieurs. CoD4 nous force à tuer des soldats sans défense. Si Infinity Ward a le courage d’aller jusqu’au bout, leur prochain titre nous fera incarner un officier chargé d’abattre ses hommes s’ils refusent de combattre. Petit à petit, on s’éloigne de Rambo pour se rapprocher d’Apocalypse Now.

Un petit mot sur le gameplay…

Le héros bouge bien, les contrôles sont réactifs, les armes ont un bon feedback, l’ironsight est parfait et quand on tire sur un ennemi, il se passe exactement ce à quoi on s’attend. A part ça, le gameplay ne présente pas beaucoup d’intérêt. Mais quand j’écris « à part ça », il ne faut pas oublier que le « ça » en question constitue l’essentiel de tout FPS qui se respecte. Certes, il aurait été préférable que les niveaux ne soient pas aussi linéaires et que les ennemis ne respawnent pas indéfiniment pour compenser la médiocrité de l’IA, mais tant pis… Si vous voulez donner un peu d’intérêt au gameplay, tout ce que nous pouvons vous conseiller c’est de monter la difficulté au maximum : le jeu passe alors du statut de film interactif à celui de FPS oldschool difficile où il est parfois nécessaire de rejouer une scène vingt fois de suite pour passer à la suivante. N’ayez pas peur de jouer en vétéran : au pire, si vous êtes bloqué, vous pourrez toujours recommencer un niveau en baissant la difficulté.

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Un gros multiplayer qui plait à tout le monde

Pour beaucoup, la campagne solo de Call of Duty 4 n’est qu’une mise en bouche alors que la partie multiplayer constitue le plat de résistance. Les mouvements et les armes offrent un très bon feeling, il y a une douzaine de cartes, autant de modes de jeu, un système d’expérience permettant de débloquer du matériel et des capacités spéciales, le jeu est fun, bien conçu, adapté à la fois à la compétition et aux serveurs publics. En bref, le multiplayer exploite à la perfection des mécaniques de jeu déjà bien rôdées. C’est à la fois sa principale qualité et son plus gros défaut.

Call of Duty 4 est le jeu rêvé pour la plupart des joueurs. Son gameplay est facile d’accès, mais la quantité d’options proposée est telle qu’on peut y jouer des dizaines d’heures sans se lasser. Mais pour les vétérans ayant joué à la plupart des FPS sortis durant les cinq dernières années, toutes les options, les cartes, les modes de jeu et même le gameplay de CoD4 risquent de laisser une impression de déjà vu. Finalement, c’est presque dommage que CoD4 propose autant de diversité et qu’il ne se focalise pas plus sur un mode de jeu en tentant d’y apporter un petit quelque chose de vraiment nouveau sur lequel les joueurs un peu « trop expérimentés » pourraient se pencher.

Le FPS étalon

Call of Duty 4 est le FPS que tous les éditeurs rêvent de sortir. Sa campagne solo est à la fois accessible et suffisamment intense pour marquer les esprits. Son multiplayer va dans le même sens : le gameplay est efficace et le nombre d’options rend le jeu suffisamment versatile pour plaire à tout le monde. Call of Duty 4 est le FPS grand public dans le sens noble du terme : il séduit aussi bien les débutants découvrant les FPS sur X360 que les cyber athlètes ne jurant que par leurs PC. Mais cette universalité à un prix, et malgré toutes ses qualités, CoD4 reste un FPS classique et peu innovant. J’en frémis d’avance en pensant à tous les éditeurs qui tenteront de le copier maladroitement…

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Quelques liens avant de se quitter :

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