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Medal of Honor est l’une des plus grosses licences de l’industrie du FPS, mais depuis la sortie du détestable Rising Sun, la série s’enfonce peu à peu dans la médiocrité et l’oubli, la faute à des modes multiplayers peu consistants qui limitent considérablement la durée de vie des jeux et à un Call of Duty lui faisant de plus en plus d’ombre.

L’époque où Medal of Honor monopolisait la seconde place des FPS les plus joués est depuis longtemps révolue, car depuis Allied Assault et Spear Head, aucun MoH n’a réussi à s’imposer en multiplayer. Malheureusement, l’espoir que la situation s’améliore est mince : [–SUITE–]

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Chaque mission de la campagne solo débute par un parachutage au milieu de la carte. Le choix de l’atterrissage est limité, mais il a le mérite d’exister. Limité parce que certaines parties du niveau sont protégées par un mur invisible ou parce qu’elles grouillent d’allemands vous empêchant de poser les pieds. Pour mieux comprendre le level design, rien ne vaut un petit schéma :

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La grosse patate au centre délimite la zone dans laquelle vous pouvez vous poser. Elle fait office de hub d’où l’on peut rejoindre à pied chacun des objectifs. Les points bleus représentent les zones à cheval entre un objectif et l’aire d’atterrissage. On peut gagner un peu de temps en s’y posant, mais c’est risqué. Quant à la zone rouge, vous pouvez y atterrir, mais c’est du suicide.

EA a beaucoup insisté sur la liberté de mouvement, mais en réalité il n’y a que dans le hub central que la carte est ouverte : arrivé aux abords d’un objectif, vous n’aurez plus qu’un chemin linéaire à suivre avec des ennemis qui apparaissent et agissent en suivant des scripts. C’est d’autant plus dommage que 90% du jeu consiste à accomplir les objectifs. La liberté de mouvement offerte par le hub est donc inexploitée : vous pouvez choisir l’ordre dans lequel vous accomplissez les missions et par quel point d’entrée vous les abordez. C’est tout. Alors certes, ce n’est qu’un tout petit plus, mais il suffit à donner l’illusion de liberté qui manque cruellement aux FPS du même genre.

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Techniquement acceptable

Les graphismes d’Airborne sont comparables à ceux de Call of Duty 2. Les modèles 3D sont réussis, les textures sont fines, les explosions impressionnent, mais l’aspect général n’est pas très crédible et souffre d’un éclairage statique et, exception faite de la dernière carte, d’une palette de couleurs mal maîtrisée. On regrettera aussi le manque de bruitages et de hurlements qui donnaient de la vie et de l’intensité à l’univers de CoD2. Mais ce qui choque le plus, c’est l’absence de moteur physique : impossible de faire bouger une chaise ou même de briser une bouteille. A cause de tous ces détails, les environnements ressemblent parfois à des décors réalisés en carton pâte ; Airborne a du mal à faire illusion.

Les combats se déroulent presque tous à courte et moyenne portée. Vous et quelques coéquipiers, des IA autonomes qui font de la figuration, devez massacrer des squads d’allemands pour progresser vers l’objectif. La plupart des ennemis semblent respawner indéfiniment : vous aurez parfois du mal à comprendre si vous êtes censés rester à couvert pour faire le ménage ou avancer afin que l’adversaire cesse de réapparaitre. Si vous avancez trop tôt, les ennemis réapparaîtront dans votre dos, si vous attendez trop, vous tomberez à court de munitions.

Le jeu ne permet pas de viser en courant : quand vous activez l’irongsight, vous pouvez seulement marcher, vous pencher ou vous baisser. La progression se fait donc par bonds d’un abri à un autre : vous sprintez, vous vous mettez à couvert, puis vous tirez jusqu’à dégager la voie. L’IA ennemie a beau être idiote, elle utilise beaucoup de grenades et se montre agressive : si vous avancez trop, vous vous ferez vite encercler et vous devrez alors choisir entre riposter rapidement ou changer de position. Mais ce n’est pas si simple, car vous devez aussi vous mettre à couvert pour récupérer de vos blessures.

Tout le jeu consiste à trouver l’équilibre entre le temps que vous passez à tirer, à vous déplacer, et à récupérer derrière votre abri. Les armes étant précises et mortelles (les vôtres et celles de l’adversaire), il est important de viser juste et de réfléchir rapidement lorsque vous devez changer de position pour éviter de vous faire envelopper. C’est une question de rythme, de tactique et de visée : un gameplay somme toute assez riche et équilibré pour ce type de FPS.

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La campagne solo se limite à six cartes ; les deux dernières sont particulièrement originales et spectaculaires. L’avant dernière est une gigantesque usine ferroviaire. La surface et la hauteur de ses structures donnent à l’ensemble une belle impression de volume. C’est probablement la mission la plus ouverte et il est facile de s’y perdre. Le jeu se conclut dans une ambiance de fin du monde sur une tour titanesque hérissée de DCA. Si vous trouviez que le débarquement sur les plages de Normandie était intense, attendez d’ouvrir votre parachute au dessus d’un tel building.

Malheureusement, la durée de vie de cette campagne est honteusement courte. J’avais entendu des rumeurs à ce propos avant de jouer et je me suis donc chronométré pour vérifier si elles étaient fondées. Résultat : 5h en difficulté maximale. Pour palier à ce problème, EA a implémenté un système de récompenses qu’on peut débloquer en réussissant les missions sans mourir, en se posant à des endroits stratégiques ou en utilisant toutes les armes. Mouais…

Quant à la partie multiplayer, elle est bâclée. EA a sorti le jeu avant même de finaliser les serveurs dédiés. Si vous jouez sur PC, vous n’aurez le choix qu’entre une poignée de serveurs hébergés sur des connexions ADSL par des joueurs qui peuvent décider d’interrompre la partie d’un instant à l’autre. C’est aberrant. Le gameplay n’est pas mauvais, mais il n’y a que six cartes et je doute que les développeurs aient pris soin de les tester sérieusement. En TDM par exemple, il n’y a qu’un seul point de respawn et aucun système pour empêcher le spawn killing, pas même une invulnérabilité temporaire : il est donc enfantin de faire un carnage au lance roquettes. Dans l’état actuel, la partie multiplayer, avec sa limitation à 12 joueurs et l’absence de serveur dédié, est tout juste convenable pour s’amuser le temps d’un LAN. A moins d’un miracle, il est impossible qu’Airborne ressuscite la communauté agonisante des joueurs de MoH.

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Nous pensions que Medal of Honor Airborne serait nul. Nous avions tort. Après les combats un peu mous de Bioshock, c’est un véritable plaisir de se retrouver avec des armes mortelles pour massacrer des hordes de nazis qui vous spamment de grenades et n’hésitent pas à charger au corps à corps pour vous achever. Le skill est glorifié, l’erreur est fatale, Airborne est un vrai FPS d’action qui sonne juste.

Malheureusement, avec une campagne solo qu’on peut torcher en une après-midi et un multiplayer totalement bâclé, la durée de vie du titre est exécrable. Heureusement pour EA que le jeu n’est pas sorti après Call of Duty 4, car il se serait probablement fait ridiculiser sur toute la ligne.

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Si vous téléchargez la démo sur PC ou dans le marketplace de la Xbox 360, notez que le niveau qu’elle inclut est sans conteste le moins intéressant de tout le jeu.

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