2003 12XIII est basé sur les cinq premiers épisodes de la BD franco-belge éponyme de Van Hamme et William Vance. Sa principale originalité est d’être le tout premier ego-shooter utilisant des graphismes en cel-shading, mais sous son apparence fantaisiste se cache un jeu bien plus mature que nous pourrions le croire au premier abord.[–SUITE–]L’ambiance avant tout

Vous incarnez XIII, amnésique impliqué dans l’assassinat du président Sheridan dont le destin funeste ne peut que rappeler celui de JFK. Au fur et à mesure du jeu, vous découvrez votre identité et l’incroyable ampleur du complot auquel vous êtes mêlé. XIII est viril, déterminé, cynique et dénué de pitié. Tout le contraire des héros cul-cul la praline des Medal of Honor et autres Jedi Knight qu’on croirait tirés d’un film de Spielberg.

Le scénario très complexe constitue l’un des centres d’intérêt du jeu, un cas unique dans le monde des FPS d’action. Par contre, les thèmes abordés risquent de passer au-dessus de la tête des joueurs les plus jeunes. Dans XIII, il y a de la sensualité mais pas de pornographie, de la violence mais pas de gore, une intrigue démesurée mais pas hollywoodienne.

Dialogues et BO

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Trop de chili

Les dialogues sont dans la même veine et sonnent justes. A un moment, des hommes de mains qui se sont perdus dans la forêt se traitent de « cons » et de « boulets ». Un peu plus tard, dans une base militaire vous surprenez un bidasse qui menace d’étrangler le cuisinier et invective son compagnon de chambrée parce qu’il n’arrête pas de péter.

Si la VO est réputée pour être catastrophique, les voix françaises sont tout à fait honorables. La voix du héros est interprétée par la doublure de Schwarzenegger. Pour parfaire l’ambiance, les musiques jazzy sont d’excellente qualité et collent parfaitement à l’ambiance film d’espionnage du jeu.

Aspect général et durée de vie

Graphiquement, l’utilisation du cel-shading peut vous paraître grossière sur les screenshots mais fait merveille dans le jeu. L’utilisation d’onomatopées affichées à l’écran, de petites cases incrustées pour vous indiquer des détails important et de scènes cinématiques très rythmées renforce l’aspect BD du jeu. De plus, XIII ne nécessite qu’une configuration modeste pour tourner de façon fluide : un 800Mhz et une GeForce 2 devrait vous suffire. La grosse trentaine de cartes se déroule sur neuf environements proposant suffisamment d’originalité pour ne jamais sentir de répétition.

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De l’hémoglobine façon BD

Malheureusement, le jeu ne dure pas 25h comme « les développeurs » l’annoncaient chez ActionTrip, il ne dure pas non plus 15h comme nous l’assurait Olivier Berteil… si vous n’êtes pas manchot, 10 heures et c’est plié. Ceci dit, nous préférons largement un jeu court et diversifié à un Halo qui allonge artificiellement sa durée de vie en proposant des cartes qui ne sont qu’un alignement de pièces toutes identiques. Et autant se faire une raison car aujourd’hui, dix heures, c’est devenue la durée de vie moyenne des ego-shooters.

Le gameplay

Le jeu mélange des scènes d’actions musclées et de l’infiltration. Les combats sont assez nerveux grâce à la puissance des armes mais perdent en intérêt à cause de l’immobilisme des ennemis et du manque de précision du fusil d’assaut, l’une des armes principales du jeu. Dans les premières missions, les combats au pistolet, précis et mortel pour les tirs à la tête, demandent bien plus de skill que les mitraillages au M16 qui constituent l’essentiel des combats du jeu. Pour les missions d’infiltration, il s’agit simplement de repérer les déplacements ennemis puis des les éliminer un par un, à distance avec l’arbalète ou au corps à corps avec un coup du tranchant de la main sur la nuque. Le jeu laisse malheureusement peu de place à la réflexion et à la liberté d’action mais il est tout de même très loin devant Call of Duty à ce niveau.

La pauvreté de l’IA, la linéarité des cartes et le manque de précision des armes les plus utilisées sont en partie rattrapés par des petits gadgets comme la possibilité de détecter la présence des ennemis en visualisant le bruit de leur pas affiché à l’écran sous formes d’onomatopées ou l’utilisation des objets du décor (chaises, cendriers,…) pour assommer vos cibles. Il est aussi possible de saisir un ennemi et de s’en servir comme bouclier humain mais l’utilisation de cette technique est malheureusement bien trop anecdotique.

Le jeu regorge de courtes cinématiques et de flashbacks pour mieux vous plonger dans l’intrigue
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La gestion des sauvegardes est identique sur PC et sur console : elles sont réalisées automatiquement lorsque vous parvenez à un check point. Là où certains y verront une source de challenge et de stress, d’autres, trop habitués à pouvoir sauver avant chaque scène d’action, auront plutôt tendance à s’en agacer. Personnellement, j’ai apprécié ce système sauf à certains endroits très énervants où le check point se trouve juste avant un dialogue de 2 minutes que vous êtes obligés de vous retaper à chaque fois que vous mourrez. Dans les dernières cartes, j’ai bien du perdre une demi-heure à écouter un dialogue dix fois de suite ou à descendre puis monter une échelle d’une centaine de barreaux.

La partie multiplayer

XIII utilise l’ignoble système d’Ubisoft pour jouer on-line. Que les personnes qui l’ont conçu brûlent en enfer, ils ont pourri le multiplayer de Ravenshield, ils ont pourri celui de XIII et le prochain sur leur liste risque bien d’être celui de Far Cry. Reste qu’en LAN vous devriez pouvoir vous amuser un moment grâce à la toute petite poignée de cartes proposées : 15 pour le médiocre deathmatch et seulement 5 pour le CTF et 4 pour « Sabotage » qui sont bien des modes de jeu bien plus intéressants.

Alors, c’est bien ?

L’ambiance graphique, la BO et le scénario sont les points forts de XIII. Nul doute que l’aspect BD et les éléments très matures du jeu ne plairont pas à tout le monde. Sans eux, il ne reste qu’un ego-shooter plutôt linéaire au gameplay basique. Si comme moi vous en avez marre de la 2nd guerre mondiale, du Viêt Nam et des terroristes, si comme moi vous préférez NOLF2 à IGI2 et Judge Dredd à Jedi Knight, alors comme moi vous préférez probablement XIII à Call of Duty.

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Autres tests (les notes sont rapportés sur 100) :

Ouamdu a aimé : un jeu fluide même sur les petites bécanes, avec un gameplay sympathique (qu’il est doux d’éclater une chaise ou une brique sur la gueule d’un mec), une violence qui contraste bien avec l’ambiance graphique du jeu, une localisation en français agréable et un scénario qui dérive un peu de l’original, permettant du coup quelques surprises même aux fans de la BD. Une très bonne surprise pour cette fin d’année.

El*Ninio n’a pas aimé : XIII est linéaire, comme un bon jeu console. Le jeu est lent à cause du temps nécessaire pour changer d’arme et de l’immobilisme des ennemis. Les phases d’infiltration sont nulles. Les graphismes rendent bien sur les décors mais sont grossiers sur les personnages. Les armes sont trop imprécises, le recul et la visée sont mal gérés. L’IA est catastrophique, les maps sont trop petites et le système de sauvegarde est agaçant. XIII ne vaut pas plus que son nom en euros.

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