007e73 preview

Dans La Suggestion de la Semaine, on fourre notre bras au fond du tiroir de la rédaction pour vous conseiller des bidules et des machins susceptibles d’attiser votre curiosité et de vous donner de quoi avoir l’air intéressant devant vos amis à l’apéro.

Jeux, films, documentaires ou œuvres plus obscures, c’est ici qu’on pourra se permettre de parler d’autre chose que des FPS, en attendant la nouvelle version du site où on fera des vidéos commentées sur les jeux Nintendo et où Squeezie sera invité dans nos locaux pour inaugurer notre rachat par Bolloré®.

Je n’ai pas vu tous les films de Takashi Miike, je n’ai même pas vu la moitié des films de Takashi Miike. Il faut dire que si on compte ce qu’il a fait pour le cinéma et la télévision, on atteint la centaine de productions. Ce n’est même pas facile de décrire le cinéma de Takashi Miike. On pourrait tomber dans la facilité en disant qu’il est surtout attaché à l’ultra violence et au mélange des genres, mais ça ne serait pas assez, ce n’est qu’un bout du gars, il est plus, il est plus malin, plus prolifique, plus original, il est plus POSTMODERNE. Je tiens déjà à m’excuser pour le manque de structure de cet article.

Takashi Miike est un réalisateur japonais. Je pense que son film le plus connu en occident est Audition, avec la célèbre scène de la seringue dans l’œil. Vous connaissiez aussi peut-être Visitor Q ou 13 Assassins. Parce qu’on a envie de donner des labels aux choses, celui de Takashi Miike est une étiquette où il est simplement écrit « Takashi Miike ». Il se fiche complètement des genres, il fait les films qu’il a envie de faire. Du coup, on retrouve souvent dans ses productions un bordel sans nom d’horreur, de drame, de comédie, de film de yakuza ou de film policier, un gloubiboulga qui forme son genre à lui.


Certains de ces films changent de ton au troisième tiers et d’autres vous explosent au visage de façon incompréhensible pendant la dernière minute. Il ne faut pas voir un film de Miike en s’attendant à quelque chose de précis. Si on prend un de ces petits derniers (il en a sans doute déjà fait deux pendant que j’écris l’article vu a quel point il est prolifique), Yakuza Apocalypse raconte un monde où des vampires yakuzas existent. Si on est mordu, on devient un vampire yakuza (avec tous les maniérismes des yakuzas, ce qui est hilarant) et le combat final est une bataille entre le héros et un homme grenouille. Il y a des arts martiaux, tout un thème sur la virilité des mafiosos, le respect du père, sur le fait d’être une personne morale, mais en même temps un hors la loi, et il y a donc aussi des bastons avec un type habillé en grenouille et qui peut paralyser les gens avec son regard.


C’est assez difficile de parler du bonhomme sans faire comme lui, partir dans tous les sens. J’ai utilisé le mot POSTMODERNE pour le désigner et c’est dans cette façon de s’approprier des codes pour créer quelque chose de nouveau qui rend le terme pertinent. Il est un peu le Tarantino japonais (en bien meilleur, moins con, plus honnête et beaucoup plus prolifique). A noter qu’il a aussi fait des films de super-héros, des choses pour les enfants, une comédie musicale absolument nimportequoitesque et qu’il a participé à la série « Master Of Horrors« , mais que son épisode a été considéré trop horrible pour passer à la télé.

Regarder la vidéo sur Youtube
Du coup voilà l’épisode, en mauvaise qualité.

Si je devais conseiller quelques choses, je pourrais parler de Dead Or Alive 2, qui raconte les retrouvailles de deux assassins qui se rendent compte qu’ils sont des amis d’enfance (c’est triste, beau, drôle, violent et démesuré) ; Ichi The Killer, un monument gore autour de yakuzas sado maso et d’un tueur autiste ; et Ace Atorney, l’adaptation du jeu vidéo, qui en plus d’arriver à retranscrire l’univers de ce festival de stupidités qu’est le jeu, est un film très bien réalisé et plein de bonnes idées. Si on regarde la filmographie du bonhomme, on se rend compte qu’il a fait beaucoup d’adaptation de mangas (Ichi the Killer est un exemple, mais aussi Terra Formars ou Blade Of The Immortal). C’est normal qu’on se tourne vers lui au final, son art correspond bien au format.


Plus encore, Miike comprend que ne pas se prendre au sérieux permet de raconter n’importe quoi, de faire naître n’importe quelles émotions. Comprendre Miike c’est comprendre l’humain dans tout son bordel. On est jamais véritablement heureux ou triste, le mot ne correspond pas à un véritable état scellé, nos émotions sont un flux bordélique et jamais pareil. C’est comme le cinéma de Miike et c’est sans doute pour ça qu’il fonctionne si bien. Le secret étant bien sûr d’accepter le fait que rien n’arrive avec raison, que le chaos nous gouverne et que notre propre esprit n’est rien d’autre qu’un tourbillon épileptique de pensées qui ne font sens qu’une fois sclérosées dans le langage. Miike c’est la vie qui comprend son inadéquation en riant et en déversant ses états avec ironie.

Et aussi, Takashi Miike a adapté Jojo’s Bizarre Adventure, ça sort bientôt.

http://www.youtube.com/watch?v=xRGq

Article précédentLes bons plans du on est plus Samedi : édition de Victor Hugo
Article suivantGORN étalera son gras sur Steam le 10 juillet