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Je n’ai jamais joué à aucun des jeux de survie qui fleurissent depuis longtemps sur Steam, pas de DayZ, de King of the Kill, de The Culling ou que sais-je. J’ai toujours cru que H1Z1 était l’acronyme du nom scientifique de la grippe aviaire. Du coup, j’ai joué à PLAYERUNKNOWN’S BATTLEGROUNDS comme une vierge tombant dans le lit d’un beau parleur au slip vide. Intriguée au début par ses promesses, vite déçue par ses performances et très rapidement lassée par un être d’une extrême banalité.

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Battle Royale Cheese

Il faut commencer par expliquer le principe, pour ceux qui comme moi il y a quelques jours, n’ont jamais tenté l’aventure. PLAYERUNKNOWN’S BATTLEGROUNDS est un jeu uniquement multijoueur. Au début de la partie, vous êtes mis dans un avion avec 99 autres personnes. L’engin survole une île, toujours la même, de 64 km². Vous pouvez sortir de l’avion quand vous le voulez pour, après une période de chute libre, atterrir en parachute sur le sol. Là, vous et les autres participants n’avez qu’un seul but : être le dernier survivant.

Quelques secondes après votre arrivée, un cercle blanc se dessine sur la map. Cinq minutes après le début de partie, puis toutes les deux minutes ensuite, un rideau d’électricité suivi d’un gaz mortel vient se resserrer sur le cercle blanc, histoire de réduire la zone de combat, évitant les longueurs infinies que pourraient prendre un jeu où on doit chercher ses adversaires dans un environnement si gigantesque. Il y a aussi de temps en temps des zones rouges, prochainement bombardées. En principe, ça limite le camping, parce qu’à moins d’avoir de la chance et s’être installé au bon endroit, il va falloir souvent se déplacer.

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La science du lag
PLAYERUNKNOWN’S BATTLEGROUNDS a un sérieux problème de performance. Le jeu réclame de tout mettre au minimum sur un PC qui n’est pas très haut de gamme et il en devient alors une abomination visuelle, comme vous pouvez le voir sur mes screenshots. Même en baissant toutes les options, il y a de très nombreux ralentissements. Le netcode est aussi très tremblotant, avec beaucoup de rubber banding, notamment en début de partie. Mais rassurons-nous, corriger tous ces cahots techniques semble être la priorité de PLAYERUNKNOWN.

Il faut aussi bouger, au moins au début, parce qu’il faut trouver de l’équipement. On arrive sur place avec quelques vêtements (d’autres sont déblocables avec le temps, ils n’ont qu’une valeur cosmétique). Il faut des armes et de l’équipement. Tout un arsenal est disponible, allant de l’UZI au fusil à pompe en passant par le revolver et la mitrailleuse lourde, mais aussi de quoi améliorer le tout, avec des lunettes de visée et autres crosses tacticools. Il y a aussi trois niveaux de sac à dos, d’armure et de casque, des items de soins et un système de buffs à base de canettes de Redbull et de seringues d’adrénaline. Pour finir, des véhicules sont laissés au bord des routes, dont une lada, voiture la plus rapide du jeu, ce qui est amusant, un peu. L’interface est sobre et tout s’équipe automatiquement. Vous pouvez ramasser les choses autour de vous depuis l’écran d’inventaire, ou vous embêter à essayer de prendre les objets au sol, histoire de regarder la lente animation correspondante.

Championnat du monde de cache-cache

Une partie se déroule plus ou moins de cette façon : vous atterrissez, (vous ou votre équipe, le jeu est jouable en coop jusqu’à 4), essayez de trouver de l’équipement adéquat et tentez de survivre jusqu’au cercle final, là où les derniers survivants s’affronteront de façon un peu plus frontale, vu l’espace réduit. Avant d’y arriver, il va falloir éviter les gens enfermés dans des salles de bains, les gens qui ont trouvé une arme avant vous, les gens avec des fusils de sniper avec vue sur de grandes plaines dégagées, les gens enfermés dans les cuisines, les gens sur les toits, cachés, les gens planqués sous des escaliers, ceux qui sont derrière des arbres ou les autres accroupis dans un placard, sans oublier la race honnie de ceux qui s’installe dans les garages.

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Pour éviter toutes ces personnes, il va falloir les imiter le plus possible. Il va falloir se cacher, c’est de très loin la meilleure façon de gagner. J’espère que vous avez des jeux sur votre téléphone ou de quoi lire, parce que vous allez passer beaucoup de temps accroupi derrière un canapé. Couplé avec un peu de chance et à vous le top 10. Si le hasard n’est pas de votre côté, ou que vous êtes trop pressé, la frustration va grandir, grandir, jusqu’à ce que vous désinstalliez ou que vous ne vous mettiez vous aussi à pratiquer le camping. Le problème n’est pas que déloger un malotru est impossible, mais que le rapport risque récompense est bien trop élevé. Il est plus logique de rester dans son coin plutôt que d’essayer de faire la chasse aux gens terrés dans le leur. Surtout que le jeu est jouable à la troisième personne : être accroupi entre un mur et une armoire ne limite en rien la visibilité. Des serveurs hardcore avec vue FPS obligatoire devraient sortir, mais ça ne changera pas grand-chose.

Ici on baise pas, on fait la moue

Parce qu’au-delà de son principe même, le gros problème de PLAYERUNKNOWN’S BATTLEGROUNDS est que ses mécaniques ne demandent pas de savoir viser, d’être un fin psychologue ou un excellent tacticien, mais de comprendre comment il fonctionne pour abuser du système. Il est très difficile de survivre à la rencontre avec quelqu’un qui vous a vu avant vous. C’est assez normale dans un jeu de tir, mais comme PLAYERUNKNOWN’S BATTLEGROUNDS n’a pas de front défini et que sa carte est gigantesque (j’ai déjà fini dans les 20 derniers survivants sans voir personne) impossible de maîtriser l’environnement. Alors on reste dans le cercle blanc, de plus en plus petit, en serrant les fesses pour que personne ne nous voie quand on change de planque. Parfois, on rencontre une âme errante comme nous, entre deux cachettes, et on va avoir envie de lui tirer dessus, c’est normal, c’est humain.

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The N World
La commande la plus importante de PLAYERUNKNOWN’S BATTLEGROUNDS est maj+T, celle qui désactive le voice chat. Après, si vous êtes sociologue et très patient, vous pouvez le laisser, je suis sûr qu’avec ça vous allez pouvoir conclure des choses merveilleuses sur le joueur moyen. Rajoutons aussi que de nombreuses personnes jouent en équipe au sein des serveurs solos (alors qu’il existe des serveurs prévus pour ceux qui veulent jouer ensemble) et que le principe même du jeu, la planque intensive, font que PLAYERUNKNOWN’S BATTLEGROUNDS est un de ces très bons carburants à misanthropie.

Si la balistique est réussie (pas de hitscan ici), la lenteur et l’impression de flottement permanente enfoncent le jeu dans les abysses de la médiocrité. Rien ne semble précis, les combats sont d’une mollesse désolante et le TTK assez réduit rend les affrontements à courte distance très chaotiques. De loin c’est un peu plus amusant, il faut apprendre à tirer en avant de sa cible quand elle est en mouvement, etc, mais ce n’est jamais satisfaisant, même si le son des balles est très réussi, c’est trop unilatéral. On se fait tirer dessus ou on tire sur quelqu’un. Les véritables échanges sont très rares et avec des zooms allant jusqu’à x15 couplés aux grandes étendues de la map, se faire canarder par un individu placé on ne sait où est un fait très fréquent et très frustrant. Ce dernier adjectif est un bon résumé du jeu. Le principe est intéressant, mais tout le reste est raté. On aimerait pouvoir s’amuser, partir à la chasse, établir un plan. À la place, on se retrouve avec un sale goût dans la bouche, même quand on gagne, ce n’est jamais parce qu’on est plus fort que les autres, mais parce qu’on a eu plus de chance et qu’on a réussi à se planquer longtemps.

Reste que des milliers de joueurs s’y retrouvent tous les jours. À l’heure où j’écris ces mots il est le sixième jeu le plus joué sur Steam alors que H1Z1 est le troisième. Je n’arrivais pas à comprendre pourquoi tant de personnes étaient attirées par ce genre de jeux. C’est Dr Loser qui m’a donné la réponse : c’est la tension et l’adrénaline qui vient avec. Finir premier d’un serveur de cent personnes est autrement plus satisfaisant, pour les amoureux du genre, que de gagner un vulgaire match de Quake ou de Rainbow Six Siege. Et il faut avouer que plus le compteur de survivants descend, plus le cercle se rétrécit et plus le cœur s’emballe. Le côté hasardeux et le skill ceiling réduit du jeu font que n’importe qui peut arriver premier. Les mécaniques s’apprennent très vite, la partie stratégique est réduite, pas besoin de s’entraîner des heures, PLAYERUNKNOWN’S BATTLEGROUNDS est un créateur de tension immédiate. Il n’est pas fait pour les gens qui n’aiment pas le hasard, ceux qui aiment les jeux plus profonds, ceux qui demandent de longues heures avant d’être maîtrisés. C’est un jeu pour les aficionados de bingo et pas pour les fans d’échecs.

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Un jeu de planqué

Tom McEvoy est un joueur de poker qui décrit le No-limit hold’em comme des heures d’ennui suivies par des moments de terreur absolue. Ça correspond bien à PLAYERUNKNOWN’S BATTLEGROUNDS, la différence étant que ce dernier remplace tout ce qui fait que le poker est intéressant par de longues minutes cachées dans des toilettes. Il est fait pour les amateurs d’adrénaline qui n’ont ni l’envie ni la patience d’apprendre un jeu plus complexe, ils ne veulent pas d’une tension raffinée, difficile à trouver, ils veulent leur came maintenant et tout de suite. PLAYERUNKNOWN’S BATTLEGROUNDS a beau être médiocre, s’il plaît tant, c’est qu’il est ce rush facile pour junkie peu regardant.

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