Sorti en novembre 2002, Splinter Cell avait enthousiasmé beaucoup de monde notamment grâce à sa gestion des ombres. Assez rapidement, et face au succès du premier épisode, Ubisoft annonçait qu’il y aurait une suite et que celle-ci contiendrait un mode multijoueur, chose totalement nouvelle pour un jeu d’infiltration. C’est un pari assez risqué car mélangeant deux gameplays radicalement différents, à savoir le TPS d’infiltration et le FPS…[–SUITE–]Le solo

Il est clair que la campagne solo n’est pas le principal point fort du jeu. Ça se ressent dès les premières secondes : Pandora Tomorrow, c’est comme Splinter Cell 1, mais en pareil. Bon, il y a bien deux ou trois ajouts dans l’interface et quelques mouvements en plus, mais ils ne servent pratiquement à rien et ne peuvent être effectués qu’à des endroits bien définis. Du reste, on retrouve là encore une caractéristique forte du premier volet : la linéarité. Les différentes situations ne présentent en effet pas beaucoup d’alternatives possibles et le level design reste assez basique. C’est souvent spectaculaire, mais on ne contrôle pas vraiment tout, à la manière d’un Medal of Honor. De plus, les missions sont assez inégales : certaines sont clairement chiantes à cause de l’IA toujours aussi mauvaise (Jerusalem) quand d’autres se montrent un peu plus riches.

La technique

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Vos überlunettes sont toujours aussi discrètes

D’un point de vue technique, c’est vraiment réussi, notamment sur Xbox : les éclairages m’ont semblé encore plus précis que dans le premier volet, les environnements sont plus grands, et de nouveaux effets sont présents, le tout en conservant une bonne fluidité. Il est juste dommage que certaines techniques actuelles n’aient pas été implantées, comme le ragdoll. Là, on doit se contenter de corps qui se posent au sol et qui peuvent même traverser les murs. Je regrette aussi que le jeu soit toujours si sombre. Je sais que ça contribue à l’ambiance, mais ça n’est même plus crédible, et devient ridicule quand un garde ne vous voit pas alors qu’il est à 30 cm de vous avec vos überlunettes qui restent allumées.

Sur PC, à l’instar de la Xbox, l’aspect technique reste réussi. C’est beau, pas de doutes là dessus, et testé sur une config plutôt correcte P4 2.8C / Radeon 9700 Pro / 1 Go dual channel, le jeu s’est heureusement toujours bien comporté en 1024 ou 1280. Par contre, il est à nouveau un peu agaçant de sentir l’odeur du portage direct de la console : un HUD parfait pour mal voyants, tout comme l’ensemble des menus du jeu, et une gestion de la configuration minimaliste. Bon, admettons… Là où ça devient légèrement inadmissible, c’est du côté tuning graphique : vous aurez le choix entre quelques résolutions prédéfinies et 3 niveaux de qualité, point barre. N’espérez pas jouer avec une dizaine de paramètres pour adapter le rendu du jeu aux performances de votre PC.

La jouabilité est très bien étudiée. Sur Xbox, même avec le gros pad je n’ai eu aucun problème à manier le perso, en solo comme en multi. Il y a d’ailleurs bizarrement quelques différences entre ces 2 modes de jeu pour l’espion. Sur PC, là aussi pas de mauvaise surprise : le couple souris/clavier fonctionne parfaitement pour ce type de jeu, et sera d’autant plus agréable en multi lorsque vous jouerez en vue subjective. Là où la console se contente de checkpoints, la version PC propose un système de quicksave/quickload, qui associé à l’extrême linéarité du jeu, risque de tuer complètement l’intérêt de la campagne solo si vous en abusez. À vous de voir…

Le multi

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Oui, c’est vraiment très sombre

Rappelons vite fait le principe du mode multijoueur de Pandora Tomorrow, principal argument de vente : sur des cartes assez petites mais riches en possibilités, 4 joueurs maximum, en 2 équipes, s’affrontent en configuration 2v2 ou 3v1. Les uns contrôlent leur perso à la troisième personne – les espions – et les autre jouent la première personne – les mercenaires. Quand les espions attaquent dans 3 modes de jeu « différents », les mercenaires doivent se « contenter » de défendre en posant des capteurs, mines et en se servant des systèmes de sécurité déjà en place sur la carte.

Ubi.com m’a tuer

Sur Xbox, l’interface pour rejoindre des parties a beau être assez jolie, elle est extrêmement mal fichue. On peut facilement passer 10 minutes avant de trouver un serveur potable à cause de problèmes de réactualisation. Énervant mais pas dramatique quand on compare avec la sombre merde vendue aux utilisateurs de la version PC. Entre problèmes de CD-Keys, obligation de passer par le portail Ubi.com ou encore protections contre la copie rendant obligatoire la désinstallation de Nero ou Daemon Tools, vous ne serez pas gâtés. Seuls les plus patients seront récompensés. À noter que pour les deux versions, un patch a déjà été proposé, permettant d’améliorer un peu l’ergonomie de l’infâme browser de parties intégré.

Le gameplay

Globalement, le gameplay proposé dans les parties multi de Pandora Tomorrow est réellement innovant. Ce qui avait été annoncé et promis est vraiment présent dans le jeu, avec des parties tendues, de l’infiltration du niveau de la campagne solo, où le teampay joue un role prépondérant. D’ailleurs, les communications vocales, intégrées au jeu (aussi bien sur Xbox que sur PC), prennent ici toute leur importance. En contrepartie de ces nouvelles sensations et de cette relative richesse dans le jeu, Pandora Tomorrow nécessite un « investissement » bien plus important que la plupart des FPS multi : en effet, pour bien jouer, et donc prendre du plaisir et ne pas ressentir de frustration, il va falloir bien connaître les maps, et surtout apprendre à bien maîtriser les mécaniques du jeu et la bonne utilisation du matériel ; ce pour les 2 camps. Ca n’a rien d’immédiat.

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Utiliser la lampe torche vous rendra aussi plus visible

Les parties durent en général une dizaine de minutes. Si un joueur se fait tuer, il devra attendre une quelques secondes avant de revenir en jeu, mais les respawns sont limités. Il est très dommage que les cartes soient si peu nombreuses, d’autant plus qu’aucun éditeur n’est fourni avec le jeu, car « c’est un travail pour des professionnels » d’après Ubi. De manière plus parlante, on pourrait traduire ça par le syndrome du « je vous emmerde ».

L’équipement proposé pour les deux camps contient, en plus des classiques grenades, des originalités comme les différentes visions. Globalement, même si certains gadgets ne servent pas à grand chose (les torches par exemple), tout peut être utilisé à un moment ou à un autre.

Comme je le disais, les cartes sont assez petites pour que l’action ne soit pas trop dispersée, mais restent extrêmement riches en possibilités. Les manières de se rendre à un point sont multiples, il y a beaucoup de recoins par où passer, les caméras de surveillance et détecteurs de mouvement déjà présents sur la map sont bien placés, de même que les éclairages. La bonne connaissance des cartes est d’ailleurs un élément essentiel dans la victoire. Au début on se perd, mais au fur et à mesure qu’on progresse on arrive à savoir par où attaquer ou défendre, où se planquer si on est repéré, les chemins les plus sûrs à emprunter, etc. Au final, les mercenaires sont vraiment occupés tout a long de la partie sans avoir le temps de s’ennuyer.

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Voici l’incarnation du mal

Le pari risqué de l’originalité me faisait craindre un manque d’équilibrage dans le jeu. Il n’en est en fait rien. Les mercenaires ont l’avantage pour le combat brut (le fusil de l’espion a une faible cadence et doit se recharger souvent), les espions peuvent attaquer discrètement ceux-ci et ainsi les prendre en otage ou leur briser la nuque, et les gadgets se valent. Non, vraiment il n’y a aucun problème de ce côté. Les deux gameplays radicalement opposés se compensent à la perfection, ça respire le travail bien fait.

Les problèmes ne viennent pas de là, mais des joueurs en eux-mêmes. Déjà, on ne trouve pas énormément de Français, et les anglophobes devront en chier pour travailler en groupe. Ensuite, il n’y a pas souvent de joueurs prêts à établir de stratégie à 2. On peut bien mettre des filtres pour n’accepter que les personnes d’un certain niveau, mais on se retrouve souvent à attendre trop longtemps. Il s’agit pour résumer d’un manque de monde. J’espère que ça va venir, mais le système pourri d’Ubi.com ne favorise en rien le développement du jeu. Cette partie gagne donc logiquement énormément d’intérêt si vous jouez avec des amis. Les feintes les plus fourbes peuvent alors être mises en place et j’ai passé de grands moments d’infiltration de cette manière.

En bref

Un mode solo peu innovant par rapport au premier épisode mais toujours sympathique malgré les problèmes de linéarité, d’intelligence artificielle et de level design fait office de bonus fourni avec l’excellente partie multijoueur de Pandora Tomorrow. Le pari de l’originalité est réussi et offre un gameplay à la fois riche, novateur et équilibré. Les environnements complexes sans trop s’étaler proposent une action stressante et subtile. Pour peu que vous ayez l’envie de vous investir, de vous adapter à un rythme assez lent et la curiosité de vous essayer à quelque chose de neuf avec une bonne finition, l’achat peut valoir le coup. Préférez cependant la version Xbox car les innombrables problèmes de la version PC sont véritablement agaçants, et risquent de ne jamais être corrigés puisque provenant directement de ce cher système Ubi.com.

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